samedi 31 mai 2014

Onze moments mythiques de la Coupe du Monde : Préambule.


Cet article a valeur de préambule d'une série consacrée aux moments récents les plus mythiques de la Coupe du Monde de football. Retrouvez les autres sur cette page.

Franz Beckenbauer disputant, le bras en écharpe, la légendaire demi-finale Allemagne - Italie de 1970 (4-3 pour l'Italie)

Depuis le début, ou presque, la Coupe du Monde regorge d’instants de légende, de moments mythiques, ressassés à l’envi. Ainsi, qui ne connait pas l’histoire du but de l’Anglais Hurst en finale de la coupe du monde 1966, qui n’était vraisemblablement pas valable ? Qui n’a pas entendu parler du doublé de Maradona (main de Dieu et but du siècle) contre l’Angleterre en 1986 ? Du France – Allemagne de 1982 avec l’attentat de Schumacher sur Battiston ? De Baggio ratant son tir au but en 1994 et précipitant ainsi la défaite de l’Italie qu’il avait lui-même hissée en finale ? De l’Allemagne et l’Autriche s'accordant pour faire match nul, éliminant ainsi l’Algérie, en 1982 ? De Pablo Escobar, défenseur colombien qui, après avoir marqué contre son camp, fut assassiné à son retour au pays ? De Pelé, et de sa passe aveugle pour Carlos Alberto en finale de la Coupe du Monde 1970 ?

Tous ces évènements, tragiques, comiques ou magnifiques, sont entrés dans l’Histoire de la plus prestigieuse compétition sportive au monde. Dans quelques jours, au Brésil, débutera une nouvelle édition de la Coupe du Monde de football : la vingtième. Et alors, pendant un mois, de nouveaux chapitres de la légende du Mondial s’écriront. A coup sûr.

Davor Suker prenant son pouls avant de tirer un penalty.

Pour preuve, onze moments récents. Onze, comme le nombre de joueurs dans une équipe de football. Récents, pour faire taire les ronchons, ceux qui marmonnent tout le temps que c'était mieux avant, parce que ceux qui pensent que la légende appartient aux temps passés, aux images en noir et blancs et aux courses saccadés des ailiers le long de la ligne, ils se trompent : la légende est en marche, elle ne cesse jamais de s’écrire. Le curseur a été fixé en 1998. 1998 est l’année où le peuple français s’est aperçu que la football existait – tout ce qui est arrivé avant n’a pas existé, ou presque, dans l’Hexagone. 1998 est également la première année où le Mondial a réuni trente-deux équipes – quatre ans plus tôt, en 1994, il  n’y en avait que vingt-quatre. 1998, encore, est la première coupe du monde diffusée sur Internet, la première scrutée aussi mondialement, la première où rien n’a pu échapper à personne. Enfin, 1998 est surtout la première des coupes du monde que j’ai moi-même pu suivre – en 94, je n’avais que cinq ans, et je m’intéressais alors à peu près autant au football qu’à la trigonométrie.

1998, 2002, 2006 et 2010, ça ne fait que quatre éditions, quatre éditions pour onze moments. Et pourtant, il a fallu en éliminer, des beaux et des tristes, des injustes et des somptueux. La tragique agression du gendarme Nivel par des hooligans allemands (1998), la prière collective des Brésiliens après la victoire (2002), la trahison de Cristiano Ronaldo faisant expulser Wayne Rooney, son coéquipier à Manchester United (2006) ou la cocasse opposition des frères Boateng, Jérôme avec l’Allemagne et Kevin-Prince avec le Ghana (2010) n’y ont pas trouvé place. Mais l'amateur trouvera quand même de la violence, de l’amour, de la triche, des coups du destin, des inspirations lumineuses et des scandales : tout ce qui fait la Coupe du Monde. En attendant, soyons sûrs que dès les prochains jours, les terrains brésiliens nous offriront d’autres de ces instants hors du commun. Ils seront l’œuvre des plus grandes stars, Messi, Ronaldo ou Neymar, ou bien d’anonymes, d’arbitres, de journalistes ou de spectateurs, d’entraîneurs, peut-être, de n’importe qui, en fait. Mais ils seront là, comme à chaque fois, et c’est eux qui placent la Coupe du Monde au-dessus de tout – oui, tout, absolument et très exactement TOUT.



vendredi 30 mai 2014

Perdus dans l’espace 1 : L’homme et la machine – 2001 : l’Odyssée de l’espace (Kubrick, 1968)

[ceci est le premier volet d’une série de quatre articles traitant plus ou moins librement de la représentation de l’homme dans l’espace au cinéma – le deuxième est disponible ici, le troisième et le dernier est en cours d'écriture]

Le Futur


J’ai récemment revu 2001 : l’Odyssée de l’espace, chez moi, avec un copain, après nous être goinfrés de pâtes bolognaise. C’était la troisième ou quatrième fois que je le voyais, je ne sais plus, en un peu moins de dix ans (je parle de 2001, pas de mon pote).

J’aime beaucoup mon DVD de 2001. C’est l’un des premiers que j’ai eu, à une époque où je n’avais encore que des cassettes VHS, c’était l’une de ces vieilles éditions aux boîtes en carton, et dans cette édition précise, Warner Bros collection Stanley Kubrick qui doit dater de 2002 ou 2003 (et non pas 2001, hélas), il y a un défaut de fabrication assez rare : une faute d’orthographe dans le titre du film, non sur la jaquette, heureusement, mais sur la tranche qui transforme l'Odyssée en Odysée, et c’est ce cas unique (ou rare, au moins) qui fait que je suis si attaché à mon DVD de 2001 – davantage, d’ailleurs, au DVD qu’au film : il doit s’agir d’un de mes deux ou trois DVD préférés, avec celui de Scarface et celui d’Ocean’s Eleven que j’ai prêté il y a huit ou neuf ans, je n’arrive plus à me souvenir à qui, et bien sûr, personne ne me le rend, alors que si je devais procéder à un classement de mes films préférés, 2001 figurerait certes en position confortable, mais hors du top ten, plutôt aux alentours de la 30ème place, quelque part entre Le Voleur de bicyclette et Le Bon, la Brute et le Truand, ce qui, en soi, n’est pas un mauvais classement, j’en conviens, mais bon nombre de cinéphiles plus ou moins avertis le placent volontiers plus haut, et je me sens coupable de ne pas les imiter.

 A l’intransigeante chapelle kubrickienne qui me somme de m’expliquer, je n’ai rien à dire. Rien, à part que j’adore 2001, mais qu’il y a des films que j’aime davantage encore. Rien que chez Kubrick, par exemple, je préfère Barry Lyndon. Il y a également Shining et Orange mécanique, que je mets volontiers au même niveau que 2001. Mais ça ne veut pas dire que je n’aime pas 2001. Bien au contraire.

En revoyant 2001, je n’ai pas pu m’empêcher d’admirer la puissance narrative de Kubrick. Pendant longtemps, il ne se passe rien, ou presque, les fausses-pistes se succèdent, et on est littéralement scotché. Ça commence dès l’écran noir du début, sur fond de Zarathoustra. Il n’y a pas d’image, rien que de la musique, et on n’ose pas bouger. Ensuite, les singes. Pas de dialogue, un pastiche de documentaire animalier, la musique, le monolithe, et puis les singes découvrent l’outil, s’en servent pour créer des armes, et paf, raccord sur un vaisseau spatial avec une valse viennoise en bande-son, et une première histoire mettant en scène des scientifiques, sur la lune, une histoire obscure.



Ce ne sera pas encore la bonne histoire, puisqu’il y aura ensuite la séquence des astronautes aux prises avec Hal, leur ordinateur dépressif, puis encore le trip mystique de la fin. A chaque fois, et de façon croissante, le spectateur est pris aux tripes, alors même qu’il est baladé d’histoire en histoire et que jusqu’il faut attendre la fin pour comprendre là où Kubrick veut en venir. Dans le fameux trip psychédélique final, on pourrait lâcher, on pourrait se dire que ça commence à bien faire, que Kubrick dépasse les bornes. Mais non, on est pris, on est totalement pris : on l’est même de plus en plus, et le paradoxe, c’est que le film est impossible à raconter, et que sa cohérence n’apparaît qu’à la fin.

"Maurice, tu pousses le bouchon un peu trop loin."

C’est cela qui est le plus surprenant, dans 2001 : l’impression d’évidence créée par la juxtaposition de segments n’ayant rien d’autre en commun que l’irruption d’un monolithe noir. Se créé, entre le réalisateur et le spectateur, un pacte qui fait que le premier a le droit d’emmener le second où il veut, absolument partout où il veut, et ce pacte n’est jamais rompu, et le spectateur se laisse conduire, émerveillé.

On connait le legs de 2001 : c’est un amas d’images que personne n’avait jamais filmées, et qui ont toutes eu le temps de devenir des clichés. Personne n’avait jamais filmé d’hommes préhistoriques. Personne n’avait jamais filmé de vaisseau spatial. Personne n’avait jamais filmé de trip psychédélique. Kubrick a été le premier, et il a été massivement copié. 2001 fait partie de ces films où quasiment chaque plan a été l’objet d’un pastiche, d’un plagiat ou d’une parodie, ou des trois à la fois. Mais il n’est pas affaibli par tous ces emprunts, qui pourraient lui donner un air daté ou vaguement nanardeux. Au contraire, il sort vainqueur de la comparaison avec à peu près tous ses héritiers.

A cause de quoi ? D’abord, il y a l’image. Je n’ai jamais eu l’occasion de voir 2001 au cinéma, mais la dernière fois que je l’ai revu, après la bolognaise, c’était sur une télé beaucoup plus grande que les fois précédentes, et j’ai pu apprécier le changement. J’imagine que sur un écran de cinéma, le chef d’œuvre est encore plus écrasant. L’image est absolument incroyable, qu’il s’agisse des scènes de la vallée du Rift, de celles dans l’espace ou du trip final. Chaque nouveau plan fait presque l’effet d’une claque, et les effets spéciaux n’ont absolument pas vieilli : on croit aux vaisseaux spatiaux, et leur architecture combinée au jeu avec la pesanteur permet à Kubrick des plans dont personne n’avait jamais osé rêver (le footing sur 360°, la roue des hôtesses, la réparation…)

Il y a la musique, aussi. Personne aussi bien que Kubrick n’a su insérer de la musique dans ses films. Il y a Haendel et Schubert dans Barry Lyndon, Beethoven dans Orange Mécanique. Et les deux Strauss dans 2001. Un vaisseau spatial sur fond de Beau Danube bleu : l’association est géniale, entre le modernisme de fiction de la conquête de l’espace et le charme daté des valses viennoises, entre l’image et le son, qui identifie la technologie au raffinement – c’est Johann Strauss. Des hommes singes dans la savane en train de découvrir que s’ils se servent de leurs mains pour attraper des objets (au hasard, des os de tapir), l’objet peut devenir une arme : bande-son Zarathoustra, c’est l’autre Strauss, Richard, et c’est Nietzsche, aussi. C’est ça, 2001, également, c’est un grand barnum où l’on retrouve pêle-mêle la technologie de pointe, la préhistoire, le vide silencieux du cosmos, Nietzsche, le LSD, les extra-terrestres et la valse.

Enfin, il y a Hal, LE personnage charismatique du film. Les autres, des singes aux scientifiques, sont tous ternes, voire interchangeables. Les hommes-singes se ressemblent en tous points les uns les autres. Les scientifiques de la deuxième séquence sont tous filmés en plan suffisamment larges pour que la caméra n’insiste jamais sur leurs visages, qu’on oublie dès la séquence suivante. Les deux astronautes sont comme deux frères jumeaux, on ne sait rien d’eux, ou presque : on ne les voit qu’à travers le prisme de leur professionnalisme, immense. A leurs côtés, les compagnons plongés en hibernation sont une entité abstraite, dont le réveil n’est jamais évoqué. Reste Hal, qui figure souvent aux premières places des classements des plus grands méchants de l’histoire du cinéma, aux côtés de Dark Vador, d’Hannibal Lecter ou du Joker. On connaît l’adage d’Hitchcock : « plus le méchant est réussi, plus le film sera bon ». Et Hal est un méchant très réussi.

IBM

2001 a été tourné en 1965 et 1966, c’est-à-dire quelques années avant que l’homme ne pose le pied sur la lune. Après avoir d’abord semblé prophétique, le film s’est avéré trop optimiste quant aux justes délais de la conquête spatiale, et est devenu uchronique depuis que la date qui constitue son titre est passée. Mais s’il est un point sur lequel il a indéniablement été précurseur, c’est sur le rôle de l’ordinateur. Là où beaucoup de films mettant en scène des machines ou des robots se sont efforcé de leur donner une apparence humanoïde, Kubrick en est resté à la forme la plus primaire de machine pensante : l’ordinateur. Et il y a fort à parier que les robots de demain ressembleront davantage à Hal qu’à Terminator : l’ordinateur central, qui gère tout le vaisseau (et qui, pour nous, gèrera la maison, programmera le four, le chauffage, nous réveillera le matin, obéira à la moindre de nos demandes, nous écoutera et nous répondra).

On ne comprend pas tout de suite que Hal est le méchant du film. Au début, on a même un peu envie de se moquer de lui, avec son accent So british et son phrasé maniéré – et puis, quand même, ce n’est qu’un point rouge dans une sorte de cadre, ça ne peut pas être un vrai personnage. On se dit qu’il ne compte pas, puisqu’il n’est pas humain – alors même que c’est lui qui accomplit le travail le plus considérable. Le drame éclate quand on saisit que Hal est lui-même conscient de cette situation, qu’il éprouve des émotions, qu’il est même en totale crise existentielle. Il n’a plus qu’à frapper : et ce sont alors ses réponses et surtout ses silences qui nous renseignent sur son état moral, jusqu’à sa pathétique agonie finale sur fond de diarrhée verbale, l’une des morts de méchants les plus poignantes de l’histoire du cinéma, alors même que tout le film semble froid et peu propice à l’empathie envers les personnages.

L'immortelle immensité de l'âme et son désir refoulé de toute-puissante, saisis en plein paradigme bilatéral.

Kubrick ne s’intéresse pas vraiment aux extra-terrestres, dont l’existence n’est attestée qu’environ aux deux tiers du film, sans qu’ils jouent par la suite un rôle déterminant – on le sent bien davantage pris par ce qu’ils révèlent chez nous. L’espace l’occupe un peu plus, mais principalement pour les effets de style qu’il permet : silence, lenteur, obscurité, infinie profondeur, contrastes, huis clos, esthétique tournant vers l’abstrait. Mais ce qui le passionne réellement, c’est la machine et les possibilités dramaturgiques qu’elle offre. Avant même l’apparition de Hal, dès ce fameux raccord déjà évoqué où l’os de tapir devenu une arme se transforme en vaisseau spatial, c’est la chose créée de main humaine qui est au centre des préoccupations de Kubrick, et il paraît entendu que la seule différence entre la première image et la seconde, c’est quatre millions d’années : au fond, une fusée et une massue, c’est pareil. Une fusée qui pense, par contre, c’est extraordinaire : c’est Hal. Et une massue qui pense ? La question n’est pas même esquissée, mais reste entière : est-ce que c’est l’os de tapir qui intime à l’homme-singe bouleversé par le monolithe de l’utiliser comme arme ? 


jeudi 29 mai 2014

La lettre C

Les mains en l'air, monsieur Copé, vous êtes cerné.


La langue française n’utilise pas, ou presque, la lettre K, onzième lettre de l’alphabet – c’est d’ailleurs là un trait partagé parmi les langues romanes. Le K est principalement dévolu aux mots d’origines étrangères, aux emprunts de notre langue au japonais (pour le karaté), au maori (pour le kiwi), à l’anglais (pour le kart) ou au danois (pour le kayak). Pour le reste, pour notre héritage latin, nous avons, pour retranscrire le phonème [k], le choix entre le Q et le C. Il y aurait beaucoup à écrire sur l’inutilité du Q, consonne compliquée qu’il est généralement impossible d’utiliser sans la faire suivre d’un U, et qui, de fait, ne se retrouve employé que dans quelques mots caricaturaux. Le C, lui, est un autre cas problématique : un coup il se prononce [s], un coup il se prononce [k], en fonction de la voyelle qui le suit – il peut même être orné d’une cédille (et ressembler à Ça) pour contrevenir aux règles précédemment évoquées. C’est pourtant lui que la langue française (à l’instar de l’italienne ou de la portugaise) a chargé de représenter à 95% la prononciation de ce fameux phonème [k].

Car il faut bien se l’avouer, le K a plus de gueule. Son nom, déjà, K (prononcer « ka »), a davantage de caractère que le pauvre C (« sé »). Sa physionomie, ensuite, ces barres qui partent dans tous les sens, tout ça lui assure un charisme évident, que le C, hélas, est loin de partager. C’est l’un des regrets que j’ai vis-à-vis de ma langue maternelle : qu’elle n’ait pas su incorporer plus efficacement le K, lettre jouissive à tracer – pas autant, certes, que le Z plus gâté par la deuxième personne du pluriel.

Ainsi, alors que les Etats-Unis, pays de langue anglaise et donc beaucoup moins complexés que nous dans l’usage du K, alors donc qu’ils ont eu JFK, nous, en France, nous avons eu JFC.

JFK, le vrai


JFK, c’est bien sûr John Fitzgerald Kennedy, trente-cinquième président des Etats-Unis (premier catholique à accéder à cette fonction), mort assassiné à Dallas, icône américaine au point que le principal aéroport de New York porte son nom, ainsi que deux porte-avions ou le théâtre de Washington.

JFC, c’est Jean-François Copé, homme politique français des années 2000 et 2010 à propos duquel il devient chaque jour un peu plus certain qu'il ne montera jamais plus haut que Ministre du Budget (fonction occupée de 2004 à 2007), ce qui est particulièrement tragique si l’on considère que, davantage qu’aucun autre homme politique en France, Copé avait clamé son désir de devenir un jour Président de la République. Personne, parmi les ambitieux de sa génération (Valls, NKM, Montebourg ou Xavier Bertrand), ne s’est épanché sur le sujet avec autant d’ardeur, ni si fréquemment, et même Nicolas Sarkozy, en son temps, avait été plus évasif. Copé, lui, affiche son ambition depuis des années et des années – depuis près de dix ans, en fait. Et la vie, souvent, est capricieuse : elle adore punir ceux qui ont ouvert trop grand leurs gueules, pour parler trivialement.

Aujourd’hui, Copé est sur le point de quitter ses fonctions à la tête de l’UMP, fonctions qu'il avait usurpées à François Fillon après le scrutin vraisemblablement truqué de novembre 2012. Alors qu’il était déjà depuis longtemps l'homme politique le moins apprécié des Français, le coup porté par l’affaire Bygmalion risque de l’abattre pour de bon : même le plus fervent militant du parti ne pourra pas empêcher une hésitation au moment de glisser dans l’urne un bulletin au nom de Jean-François Copé. C’est ce qu’on appelle être grillé.

L'homme a commis deux erreurs : la première, c’est de s’être cru plus malin que tout le monde ; la seconde, c’est de s’être fait des ennemis jurés. Au premier rang de ceux-ci, François Fillon, qui n’a toujours pas digéré l’élection volée de 2012 et qui vient d’obtenir sa vengeance, avec l’éviction de Copé. A la tête de l’UMP, désormais, on retrouve un triumvirat composé de Fillon, donc, ainsi que d’Alain Juppé et de Jean-Pierre Raffarin. On ne pouvait pas rêver mieux pour barrer la route à un retour de Sarkozy.

Les Dalton


Parce que derrière le fusible Copé, c’est bien l’ancien président qui se retrouve en ligne de mire. Il avait réussi à placer Copé à la tête du parti, c’est-à-dire à qu’il continuait, en sous-main, à piloter l’UMP, Copé étant le seul des barons à leur avoir publiquement déclaré allégeance. Désormais, il doit composer avec Fillon, qui ne cache pas son envie d’en découdre avec celui dont il fut premier ministre, Juppé, qui veut se poser en recours, et Raffarin, qui, s’il n’a sans doute pas d’ambition présidentielle, fut quand même l’un des premiers, parmi les ténors du parti de droite, à prendre ses distances avec le tournant droitier la campagne de 2012. Aucun des trois ne souhaite un retour aux affaires de Sarkozy, et à constater l’absence de pitié dont ils ont fait preuve en sacrifiant Copé, il ne fait aucun doute qu’ils se montreront aussi intraitables vis-à-vis de leur ancien patron, déjà cerné par les affaires judiciaires (affaire Tapie, affaire Karachi, affaire Buisson, affaire Kadhafi, affaire Bygmalion, affaire Bettencourt, affaire des sondages de l'Elysée…).

Copé se rêvait JFK et ne fut que JFC, sigle qu'il partage avec le Jurançon Football Club, qui, sans lui manquer de respect, n'est pas le Real Madrid, ni même l'US Quevilly. Il est fort probable que sa carrière politique soit terminée, loins des ors qu'il convoitait tout haut. La faute à la lettre C.



Parce qu'il faut bien commencer par quelques chose...

Salut à toi, Lecteur. Bienvenue sur l’Observatoire des Visions Périphériques.

Tu es arrivé sur ce blog, peut-être par hasard, ou peut-être pas, peu importe, finalement. Le fait est que tu es là, et que j’ai l’intention que tu y restes – et que tu reviennes.

Vive la démagogie.
Ma naissance remonte à l'année de la Chute du Mur de Berlin, ce qui veut dire que je ne suis pas encore sénile, mais que le temps commence doucement à presser. A presser pour quoi, je ne sais pas exactement, toujours est-il que la seule façon d’échapper à ce temps qui passe, à ce temps implacable qui avance, qui s’écoule et qui presse, c’est d’écrire. D’où ce blog.

Un blog pour parler de quoi ? De tout, c’est l’idée. De tout ce qui a rapport à l’actualité (ou pas), de tout ce qui a rapport au monde. Je n’ai pas envie de m’épancher sur ma vie privée. Je n’ai pas envie de raconter mes aventures amoureuses, ni mes déboires professionnels. J’ai envie de parler de cinéma, j’ai envie de parler de littérature, j’ai envie de parler de politique, de football, de musique, de société, de nature. J’ai même envie de parler d’économie alors que je n’y comprends rien. Je ne sais pas si ça va intéresser grand monde – j’ai souvent tendance à surestimer la pertinence de ma propre parole. En plus, je ne sais absolument pas comment m’y prendre pour, comme on dit, faire « monter » un blog, pour y amener du « trafic », pour avoir des lecteurs, des commentaires, une tribune. Je me dis que je vais essayer. Pour voir.

J’ai déjà, par le passé, tenté de tenir des blogs. Qu’ils aient été consacrés au football, au cinéma ou qu’ils aient, comme celui-ci, une vocation plus « généraliste », aucun n’a tenu bien longtemps – j’étais jeune et futile, comme on dit.

Qu’est-ce qui ferait que l’Observatoire des Visions Périphériques résisterait, lui, à l’usure du temps et à cette épreuve impitoyable infligée quotidiennement par ma propre paresse ? Je n’en ai aucune idée. Peut-être que dans un mois, à peine, peut-être même une semaine, ou encore moins, peut-être que ce nouveau blog sera à son tour abandonné. Ce ne serait pas surprenant. Mais le temps, qui commence à presser, est un allié. Il créé une urgence, l’urgence d’écrire, l’urgence du dialogue. C’est sur cette urgence que je compte pour mettre à jour régulièrement l’Observatoire de Visions Périphériques.

Pourquoi ce nom ? Depuis mon adolescence, le concept de vision périphérique me fascine. Pour être honnête, quand on me l’a enseigné au lycée, je n’y ai d’abord pas compris grand-chose. Mais le hasard a voulu que le matin-même où le bac blanc consacré au sujet devait avoir lieu, je me retrouve avec entre les mains un numéro du mensuel So Foot dans lequel figurait une planche de Bouzard consacrée à la façon dont les arbitres assistants faisaient pour démasquer les joueurs hors-jeu tout en suivant le déroulement de l’action en cours. Il y était question de cônes et de bâtonnets, bien sûr, mais surtout, c’était pour moi l’heure de la révélation : ainsi l’Homme, égalant en cela la Femme, pouvait être capable de faire (ou voir) deux choses à la fois. Il va sans dire que je réussis brillamment mon bac blanc (8 sur 20, ce qui était un bond de trois point par rapport aux notes que j’obtenais habituellement dans cette matière), mais l’essentiel était ailleurs : j’avais découvert le concept de vision périphérique, qui allait changer ma vie.

En fait, ça marche comme ça.
Désormais, je l’associe au recul, à ce recul sur les évènements ou sur la situation, qui est l’une des qualités que j’apprécie le plus chez les autres (et que j'aimerais plus que tout posséder). Créer un blog pour parler du monde ne pouvait se faire sans la mention de la vision périphérique, paradoxal angle d’approche. Or, visionpériphérique et visionspériphériques étaient des noms déjà pris. J’ai hésité un temps, car visions-périphériques, lui, était libre, mais j’y ai vu une lâcheté, un vol de nom déguisé, et il m’a semblé que si j’avais appelé mon blog visionspériphériques, je n’aurais pas vu d’un bon œil le fait que débarque un nouveau voisin avec un grand sourire, le nom visions-périphériques sous le bras.

J’ai donc rajouté, pour me distinguer, L'Observatoire, ce qui confère, je trouve, à ce nom déjà bien ambitieux un caractère légèrement arrogant qui n’est pas pour me déplaire. L’Observatoire des Visions Périphériques : il va s’agir de surplomber un panorama à 360°, l’affaire n’est pas mince.

J’espère que tu auras, Lecteur, l’occasion de revenir souvent ici. Je tenterai de t’y réserver toujours un bon accueil. Je tenterai aussi de t’intéresser, de partager avec toi ce que je sais du monde et ce que je pense de lui. J’essaierai de surplomber, avec toi, ce panorama à 360°. Je t’aime. A très vite.