lundi 5 janvier 2015

Personnalité de l'année 2014 : les candidats (1/2)

Première moitié des candidats au titre de personnalité de l'année 2014...



1 : Abou Bakr al-Baghdadi

Qui c'est ?
Un djihadiste originaire d'Irak, capturé en 2005 par les Etats-Unis, relâché en 2009, anciennement proche d'Al-Qaïda. En 2011, la prime pour sa capture s'élevait à 10 millions de dollars. Sans doute bien plus aujourd'hui. 

Quel est son principal fait d'armes en 2014 ?
Il s'est proclamé calife, règne sur le désormais célèbre Etat Islamique en Irak et au Levant dont il a étendu le néfaste pouvoir sur une bonne partie du territoire syrien, et fait face à des frappes aériennes depuis août dernier.

Quels sont ses atouts ?
C'est de loin le candidat le plus méchant de la liste. Il a réussi la prouesse de faire passer Bachar al-Assad pour un affable bambin aux yeux de la presse occidentale (oui, le même Bachar qui faisait figure d'épouvantail dans nos listes de 2012 et 2013), fait décapiter journaliste sur journaliste, et a restauré le califat, pourtant abandonné depuis quatre-vingt-dix ans. Même Al-Qaïda se ferait dans le froc en pensant à l'Etat-Islamique.

Qu'est-ce qui pourrait le faire perdre ?
Sa Rolex. Lors de sa seule apparition publique, en juillet dernier à Mossoul, le Calife avait au poignet une montre de luxe. Pas très sérieux, quand on prêche un islam radical et qu'on s'élève contre le mode de vie occidental. Et si on remonte un peu plus loin, on s'aperçoit qu'une bonne partie des finances de l'Etat islamique provient de la vente de pétrole aux Américains, ceux-là même qui leur balancent des bombes sur la gueule. Et si on remonte encore plus, on s'aperçoit que les conditions de sa libération du camp de Bucca, en 2009, sont extrêmement obscures... Alors, Abou Bakr al-Baghdadi, génie du mal ou pantin à la solde du grand capital ?





2 : Amal Alamuddin-Clooney

Qui c'est ?
Une avocate libano-britannique de trente-six ans, célèbre pour avoir notamment défendu Julian Assange (notre lauréat 2010) et Ioulia Timochenko, l'ancienne première ministre ukrainienne.

Quel est son principal fait d'armes en 2014 ?
Parmi les finalistes des British Fashion Awards (personnalités les mieux lookées d'Angleterre), élue Femme la plus influente de Londres par le tabloïd Evening Standard, sacrée Personnalité la plus fascinante de l'année par la chaîne de télévision ABC... Tout ça, ce n'est rien. En 2014, Amal Alamuddin a réussi l'exploit de passer la bague au doigt du célibataire le plus mythique de notre époque : le Cary Grant du XXIème siècle, George Clooney en personne, alias Danny Ocean ou Dr Ross pour les intimes, celui qui avait juré que jamais il ne se marierait. What else ?

Quels sont ses atouts ?
Sa plastique, évidemment. Amal Alamuddin, désormais madame Clooney, affiche une ligne impeccable, des formes enviables, une superbe chevelure, bref, elle fait rêver les petites filles et fantasmer les grands garçons. Ce qu'elle incarne, également : si, côté people, l'année 2014 a été marquée par le déferlement de haine de Valérie Trierweiler, ce serait un joli pied de nez de récompenser l'amour. Mais plus encore, c'est son réseau qui pourrait s'avérer redoutable : il se murmure parmi les langues de vipère que c'est son carnet d'adresse (elle serait proche de Kofi Annan, du monde des affaires comme de celui de la presse) qui a convaincu un George Clooney avide de se lancer en politique de l'épouser.

Qu'est-ce qui pourrait la faire perdre ?
Sa famille. Certes, sa mère est l'éditrice d'Al-Hayat, l'un des principaux quotidiens généralistes arabophones. Certes, son père a enseigné les sciences commerciales à l'université américaine de Beyrouth. Mais là où le bât blesse, c'est du côté de son oncle. En effet, Amal Alamuddin n'est autre que la nièce de... Ziad Takieddine, l'homme qui invitait Jean-François Copé dans sa piscine et qui menace les journalites.






3 : François


Qui c'est ?
Le pape, tout simplement. Né Jorge Bergoglio, en Argentine, et devenu François, 266ème souverain pontife, en 2013.

Quel est son principal fait de gloire en 2014 ?
Ne pas se décourager devant la tâche titanesque qui lui a échu : dé-ringardiser l'Eglise catholique. Et ça passe par des discours au Parlement Européen dans lesquels il fustige l'argent-roi, par des sermons à ses cardinaux au cours desquels il les remet vertement à leur place, par une rencontre avec le Patriarche de Constantinople ou encore par une acceptation de la théorie du Big Bang.

Quel sont ses atouts ?
Il est proche du peuple, ce qui est crucial dans n'importe quelle campagne. Ayant renoncé à toute la pompe papale à laquelle ses prédecesseurs s'étaient habitués, s'avouant parfois "anticlérical", il préfère la compagnie des petites gens à celles des huiles de l'Eglise. Ainsi, fin décembre, après avoir dénoncé "l'Alzheimer spirituel", la "fossilisation mentale", la "schizophrénie existentielle" et le "narcissisme faux" de la Curie, il a tranquillement laissé en plan tous ses cardinaux pour aller festoyer avec le petit personnel du Vatican.

Qu'est-ce qui pourrait le faire perdre ?
La poisseHonnêtement, l'année 2014 de François est belle, mais moins que 2013. L'année dernière, il était le premier pape sud-américain de l'Histoire, le premier à parler des homosexuels en témoignant une certain acceptation à leur égard, le premier à se revendiquer ouvertement de Saint-François d'Assise et à se définir comme de gauche, il était allé laver les pieds de jeunes prisonniers dans le geôle et avait embrassé des lépreux à pleine bouche, et ça n'avait pas suffi pour gagner : Kim Jung-un avait déboulé comme une balle de fusil dans les derniers mètres et l'avait sauté sur la ligne d'arrivée. A ce rythme là, on se demande s'il pourra un jour gagner.






4 : Michel Houellebecq


Qui c'est ?
Un romancier français, de son vrai nom Michel Thomas, né en 1956 ou 1958, auteur notamment d'Extension du domaine de la lutte, des Particules élémentaires, de la Carte et le Territoire (pris Goncourt 2010) ou encore du recueil de poèmes Le Sens du combat.

Quel est son principal fait de gloire en 2014 ?
Il a fait ses grands débuts au cinéma. S'il avait déjà réalisé lui-même l'adaptation de son roman La Possibilité d'une île (commettant par là l'un des nanars français les plus marquants de la dernière décennie), c'est en tant qu'acteur, dans L'Enlèvement de Michel Houellebecq (Guillaume Nicloux) et dans Near Death Experience (Gustave Kervern et Benoît Delépine) qu'il s'est révélé cette année.

Quels sont ses atouts ?
En premier lieu, le chauvinisme du corps électoral : en effet, Michel Houellebecq est le seul Français figurant parmi la liste des candidats. Ensuite, et surtout, sa polyvalence. Car non content de s'être révélé un acteur comique inattendu, 2014 a également été pour lui l'occasion de voir sortir un disque de Jean-Louis Aubert mettant en musique certains ses poèmes, mais aussi d'organiser une exposition de ses photos et de publier sa propre anthologie poétique. De surcroît, un essai de Bernard Maris l'a consacré économiste de premier plan, et Houellebecq lui-même a avoué plancher sur un projet de nouvelle constitution pour notre pays.

Qu'est-ce qui pourrait le faire perdre ?
Sa suffisance, hélas. Sûrement trop sûr de gagner, Michel Houellebecq ne publie son nouveau roman, Soumission, que le 7 janvier 2015, soit une semaine trop tard pour qu'il soit pris en compte lors de l'élection. Dommage, car le scandale annoncé de l'ouvrage (qui met en scène un Hexagone dirigé par le Parti Musulman de France) aurait été une raison supplémentaire de sacrer un écrivain pour la première fois depuis plus de trente ans.





5 : Viktor Ianoukovytch


Qui c'est ?
Un ancien premier ministre et ancien président ukrainien, caniche de Vladimir Poutine et corrompu notoire.

Quel est son principal fait d'armes en 2014 ?
Après avoir voulu jouer au plus malin en jouant l'Union Européenne contre la Russie, il s'est attiré les foudres de son peuple, a voulu utiliser la force contre le lui mais a fini par se faire renverser, conduisant ainsi l'Ukraine à la crise actuelle. Sûrement penaud, il a pris la fuite et personne ne sait à l'heure actuelle où il est - en revanche, ses nombreuses et somptueuses baraques ont été l'objet de multiples photographies.

Quels sont ses atouts ?
Son côté vintage avant tout. Un président d'Europe de l'Est qui tente de réprimer par la force des manifestations, qui se fait destituer, qui prend la fuite après avoir joué les Russes contre les occidentaux... On ne se croirait pas en 2014, non, mais plutôt dans les années 80, sur fond de chute du communisme et de fin de la guerre froide.  Et comme l'heure est à la nostalgie et au revival des eighties, Ianoukovytch est parfaitement tendance.

Qu'est-ce qui pourrait le faire perdre ?
La complexité de l'affaire ukrainienne notamment et le nombre de ses têtes d'affiches. En effet, depuis la sortie de scène, de multiples personnages se sont retrouvés se le devant de la scène : Ioulia Timochenko, sortie de prison et déjà mise au placard, Vitali Klitschko, boxeur et meneur de la contestation devenu en mai dernier maire de Kiev, Petro Porochenko, le nouveau président ukrainien, ou encore Sergueï Lavrov, le redoutable ministre russe des affaires étrangères, qui accomplit avec un immense talent la basse besogne diplomatique pour le compte de Poutine. Et Poutine, aussi, le grand bonhomme de cette histoire, inélégible car déjà Personnalité de l'année en 2007, mais qui fait de l'ombre à tous les protagonistes de la crise ukrainienne. Du coup, Ianoukovytch est certes le membre le plus comique de cette clique, mais comme personne n'a de ses nouvelles depuis le mois de mars, son étoile a eu le temps de pâlir davantage que celles de ses adversaires.

2 commentaires:

  1. Je vote ! Je vote tout d'abord pour le Grand Michel Houellebecq, bien que n'ayant pas encore ouvert Soumission (posé trop sagement sur ma table de chevet). Et secrètement s'il fallait, si un incident survenait, si je devais avoir un suppléant, et parce que quand même tout ces candidats sont assez bandants, je choisis en deuxième Suarez. Pas de troisième choix, en effet je n'aime pas les chiffres pairs. Ceci impliquerait alors de choisir quatre chouchous et je ne veux abuser. Merci pour ce nouveau top, moi, qui ai parfois suivi l'Election de l'Homme de l'année, version papier, je suis ravi et désolé de voir encore une fois que ce top est plein de spécimens d'un intérêt non négligeable, pour leur audace comme leur barbarie.

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  2. Et bien moi, en candidat de l'année, je vote pour Peter Piot. Et ce pour deux raisons :

    1) Les découvertes scientifiques, même si elles s'inscrivent dans une période historique, et sont donc dépendantes de contraintes matérielles (elles-mêmes dépendantes des actions politiques), me paraissent surplomber les décisions gouvernementales et intergouvernementales. C'est peut-être une naïveté, ou une hiérarchisation arbitraire, ou même une fascination pour la Science (pourtant, pas du tout), mais je le pense. Alors parce que je considère que les découvertes de ce grand esprit resteront finalement bien plus marquantes que tout, je lui mets mon vote dans l'urne.

    2) L'année dernière, j'avais déjà vité pour M. Higgs, et on avait préféré donner la palme à un yankee ! Alors je récidive !

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