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lundi 5 janvier 2015

Personnalité de l'année 2014 : préambule

Les derniers vainqueurs : Kim Jung-un (2013), Obama (2012), Anders Behring Breivik (2011), Julian Assange (2010),
Usain Bolt (2009), Bernard Madoff (2008), Poutine (2007), Zidane (2006), Bill Gates (2005)


2014 s'est achevé il y a quelques jours déjà, et l'heure est au bilan. Comme chaque année, il est temps d'élire la personnalité de l'année, parmi une liste de dix candidats, mais pour la première fois, la liste se retrouve en ligne, sur ce blog, et pourra donc être consultée tout le temps que durera l'élection.

Pour rappel, ce scrutin se déroule selon un mode uninominal et majoritaire à deux tours, les cancidats sont sélectionnés de façon dictatoriale par le président du comité d'organisation de l'élection, et en application d'un règlement type Goncourt, aucun ancien lauréat du prix ne peut être récompensé une seconde fois (ce qui élimine d'office Vladimir Poutine, lequel avait pourtant une bonne tête de vainqueur).

D'autre part, le titre de personnalité de l'année ne saurait être une récompense pour une bonne action : ce n'est pas un prix de camaraderie, ni un quelconque Nobel, il s'agit au contraire de récompenser la personne ayant le plus marqué l'année civile, de quelque façon que ce soit, en bien, en mal, en nous faisant rire, peur, pleurer ou rêver, en ayant oeuvré dans le champ de la diplomatie, des sciences, du sport ou de la culture. De fait, les derniers vainqueurs ne sont pas (tous) des enfants de choeur : ainsi Kim Jung-un l'a emporté en 2013 d'un souffle et à la surprise générale devant le pape François, ainsi Anders Behring Breivik fut le lauréat 2011 après un duel acharné contre Dominique Strauss-Kahn, ainsi malgré sa remarquable carrière, c'est l'année de sa retraite et en raison de son coup de boule en mondovision que Zinédine Zidane (dernier lauréat français) l'a emporté.

Enfin, cette élection est surtout un prétexte pour passer en revue l'année qui vient de s'écouler, et s'en remémorer les moments les plus forts, pour ne pas tout oublier trop vite. Et en 2014, il s'est quand même passé certains trucs...






vendredi 17 octobre 2014

Onze moments mythiques de la Coupe du Monde - 2 : Le coup de boule de Zidane

Cet article fait partie d'un dossier consacré à onze moments mythiques de l'histoire récente de la Coupe du Monde de football. Retrouvez les autres textes sur cette page.


L'Acte.

Plus d’un milliard de téléspectateurs en direct, des ralentis qui ont tourné en boucle sur tous les écrans du monde pendant plusieurs jours, des milliers de vidéos parodiques sur youtube, une statue exposée devant Beaubourg… On estime que les images du coup de tête de Zidane, asséné à l’Italien Marco Materazzi en finale de la coupe du monde 2006, sont les plus vues de l’histoire de l’humanité, devant celles des attentats du Word Trade Center. Pourtant, sur le moment, personne n’a rien vu.

A l’image de Thierry Gilardi, le commentateur de TF1 qui a d’abord cru que Trezeguet était l’auteur du mauvais geste, tout le monde a d’abord baigné dans le flou. Les images télé montraient alors l’action en cours, une contre-attaque italienne, en début de deuxième mi-temps de prolongations. Puis le jeu a été arrêté, et on s’est aperçu qu’il y avait un attroupement, à l’autre bout du terrain. Un Italien était au sol – Materazzi. D’autres vitupéraient, très virulents, essayant de dire quelque chose à l’arbitre. Quoi ? On ne le sait pas encore. Enfin, au bout d'un temps incroyable, le ralenti finit par arriver, implacable : Zinedine Zidane, le meneur de jeu de l’équipe de France, avait mis un coup de boule à Materazzi.

Mais cela, l’arbitre ne l’avait pas vu. Il interrogea ses assistants, qui n’avaient rien vu non plus. C’est finalement le quatrième arbitre, ce type qui en général ne sert qu’à porter le panneau qui annonce les numéros des joueurs quand on procède aux changements, qui lui apporte la précieuse information. Problème : les écrans  vidéo de l’Olympiastadion passent en boucle, depuis une bonne minute, les images du scandale, et le règlement de football interdit l’utilisation de la vidéo à des fins d’arbitrage durant un match. Personne ne saura jamais si le quatrième arbitre avait vu l’action en direct, ou si ce sont les ralentis qui l’ont alerté. L’arbitre principal, l’Argentin Horacio Elizondo, va jusqu’à Zidane, et lui adresse un carton rouge.


Dehors !

Les faits, en soi, sont relativement exceptionnels. Mais le contexte les rendait encore plus singuliers : il s’agissait du dernier match de la carrière de Zinedine Zidane, qui venait d’être le personnage central de la coupe du monde. Le meneur de jeu français, déjà vainqueur du Mondial en 1998 (ainsi que d’un Euro, en 2000, et d’une Ligue des Champions, en 2002), avait annoncé, avant la compétition, qu’il prendrait sa retraite à l’issue de celle-ci. Assez transparent durant les premiers matches de son équipe, il était monté, comme elle, en régime au fur et à mesure du tournoi. En huitièmes de finale, face à une Espagne qui avait annoncé vouloir le mettre à la retraite, il avait marqué le troisième but des Bleus (score final : 3 – 1). En quarts, contre le Brésil, il avait livré un véritable récital, écœurant toute l’équipe brésilienne et délivrant à Thierry Henry une précieuse passe décisive (score final : 1 -0). Enfin, en demies, c’est lui qui avait marqué, sur penalty, le seul but du match remporté face au Portugal.

Le matin de la finale, contre l’Italie, Zidane avait réussi son pari : partir sur une finale de Coupe du Monde, chose que n’avaient réalisé ni Pelé, ni Maradona, ni Cruijff, ni aucun de ses principaux rivaux dans la course au titre honorifique de « meilleur joueur de tous les temps ». Avec les succès des Bleus, la Zidanemania, phénomène français et mondial, avait atteint des proportions délirantes, les chansons qui lui étaient consacrées passaient en boucle à la radio, un film sur lui avait été sélectionné à Cannes et même le New York Times, quotidien très sérieux d’un pays qui ne comprend rien au football, le jour de la finale, avait fait figurer en Une un portrait du Français, qualifié de « type le plus cool de la planète ».

Au bout d’à peine dix minutes de jeu, le pari était encore un peu plus près d'être gagné : Zidane avait ouvert le score, sur penalty, en réalisant une Panenka, culot que l’on croyait impensable à ce niveau. L’Italie avait rapidement égalisé, et le score n’avait plus bougé. Sur un contact aérien, Zidane avait paru se blesser à l’épaule, on l’avait même vu demander un changement, mais il avait été remis sur pied, et avait pu continuer à jouer. Un peu plus tard, durant la prolongation, Zidane, encore lui, avait failli inscrire un second but, d’une tête détournée in extremis par Buffon, le gardien Italien.

Et quelques instants plus tard, le drame était arrivé. Materazzi avait dit quelque chose qui n’avait pas plu au Français (quoi ? on n’a jamais su, même il était visiblement question de la sœur de Zidane, ou de sa mère, à moins qu'il ne s'agisse de sa femme), celui-ci s’était retourné, l’avait fixé un instant avant de l’exécuter d’un coup de tête en pleine poitrine. Et l’arbitre, aidé ou pas par la vidéo, l’avait expulsé. Et la France avait fini par perdre la finale, aux tirs au but.


The Artist.

Jamais on n’a vu un coupable se faire absoudre et pardonner aussi rapidement que Zidane, le phénomène confinant presque à l’hypnose collective. Cas unique, la FIFA infligera même une suspension à Materazzi. Les Français éliront Zidane comme leur personnalité préférée quelques semaines plus tard. Sur les plateaux télés, les commentateurs rivaliseront de sévérité à l’encontre de joueurs comme Materazzi, considéré comme « la lie du football et l’emblème de ces joueurs méchants, provocateurs » - l’Italien sera même soupçonné, à tort, de racisme.

Il n’en reste pas moins que le vrai vainqueur de la Coupe du monde 2006, c’est lui. Simple remplaçant au début du tournoi, il profite de la blessure de Nesta pour intégrer le onze de la Squaddra Azzura. En finale, c’est lui qui égalise pour l’Italie, avant de faire expulser Zidane et de réussir son tir au but. Mais l’histoire le retiendra comme le méchant. D’ailleurs, l’histoire a presque déjà oublié que l’Italie avait gagné, en 2006 – le match s’est terminé avec l’expulsion de Zidane.

L'un des moments les plus tristes de mon adolescence : 



mercredi 11 juin 2014

Onze moments mythiques de la Coupe du Monde - 4 : Le malaise de Ronaldo

Cet article fait partie d'une série de textes consacrés à onze moments mythiques de l'histoire récente de la Coupe du Monde de football. Les autres sont accessibles sur cette page.

L'homme qui rétrécit

La Coupe du Monde 1998, organisée en France, s’est déroulée, à la surprise générale, selon un scénario très prévisible : match clin d'oeil (USA - Iran), équipes surprise (Croatie, Danemark), grosses déceptions (Espagne), vedettes aux destins opposés (Bergkamp, Del Piero, Owen, Batistuta), duels acharnés (France - Italie, Pays-Bas - Argentine). Surtout, s’est tenue, en finale, l’affiche idéale, celle dont tout le monde rêvait : le Brésil, alors quadruple vainqueur du tournoi et tenant du titre, face à la France, le pays organisateur. La rencontre permettait aussi l’opposition de deux hommes : le Brésilien Ronaldo et le Français Zidane, c’est-à-dire le meilleur joueur du monde et son dauphin officiel. Si, un peu plus tôt dans l'année, Zidane avait remporté un premier succès en étant sacré champion d’Italie, avec le Juventus, au détriment de l’Inter de Ronaldo, le vrai rendez-vous, tout le monde le savait, était prévu pour la finale du Mondial, où l’on allait enfin voir si vraiment le Français était en mesure de contester la suprématie du Brésilien.

Ronaldo, alors âgé de vingt-deux ans et déjà considéré comme l’un des plus grands joueurs de l’histoire, avait fanfaronné avant le tournoi, s’estimant capable de battre le mythique record de Just Fontaine (treize buts en une seule Coupe du Monde, en 1958). La réalité avait été plus rude, mais le Fenomeno n’avait pas démérité en étant l’auteur de quatre buts et de trois passes décisives - il avait également répondu présent en réussissant son penalty lors de la séance de tirs aux buts de l'intense demi-finale face aux pays-Bas. La finale allait lui permettre de mettre les choses au point - du moins le croyait-on.

Mais une heure avant le début du match, la rumeur se répand comme une traînée de poudre parmi les journalistes et s’étend vite à l’ensemble de la planète : Ronaldo ne jouera pas la finale, il ne sera que remplaçant, et Edmundo le suppléera à la pointe de l’attaque brésilienne. Panique mondiale pendant un quart d'heure, puis circule une seconde feuille de match, où Ronaldo est annoncé comme aligné à la pointe de l'attaque brésilienne. Bluff ? Couac ? Personne ne sait trop, et très vite, trop vite arrive l'heure du match. Ronaldo est bel et bien là, titulaire aux côtés de Bebeto et Rivaldo. Lors des hymnes nationaux, il arbore un air légèrement absent. Lorsque le match commence, il lui faut presque un quart d'heure avant de toucher pour la première fois le ballon. Muselé par la défense française, impuissant face à Barthez qui le mettra même littéralement KO après une sortie aérienne autoritaire, il traverse tout le match comme un fantôme, observant de loin son rival Zidane marquer deux buts et offrir la Coupe du Monde à la France.

Footballeurs à la sortie de l'hibernation.

Dès le lendemain, le bruit commencera à courir et le scandale à enfler : Ronaldo aurait été victime d’un malaise quelques heures seulement avant la finale, alors qu’il jouait aux jeux vidéos avec Roberto Carlos. Celui-ci serait sorti de leur chambre en criant « Il est en train de mourir ! » et tous les Brésiliens se seraient précipité auprès de Ronaldo, l’empêchant de s’étouffer avec sa langue avant de le conduire  l’hôpital où les examens ne révèleront rien. Diverses théories ont surgi, parlant de crise d’épilepsie, de malaise vagal ou de dystonie neurovégétative. Certains, même, évoqueront les effets secondaires du dopage, s’appuyant sur l’impressionnante augmentation de la musculature de Ronaldo durant les deux années qui avaient précédé et sur les bruits de couloirs qui faisaient du championnat italien l’antichambre de la recherche pharmaceutique et de l’optimisation de performance. On dira également qu’il n’était pas en état de jouer la finale, mais que c’est Nike, sponsor du joueur et de l’équipe du Brésil, qui avait insisté pour qu’il soit aligné.

Les versions contradictoires se succèderont, allant jusqu’à provoquer une large enquête au sein de la Fédération brésilienne de football, minée par la corruption et les pots-de-vin. Aujourd’hui encore, personne n’est en mesure de dire ce qui s’est vraiment passé dans la chambre de Ronaldo, quelques heures avant la finale contre la France. Ce qui s’est passé ensuite, en revanche, est connu. Après la défaite, Ronaldo connaîtra quatre ans de galère, quatre ans durant lesquels il ne jouera qu’une poignée de matches, enchaînant blessure sur blessure, étant même déclaré mort pour le football après une rechute de son genou, en 2000, six minutes seulement après avoir fait son retour sur un terrain. Depuis ses différents lits d’hôpital, réduit à l’impuissance, il regardera Zidane le déposséder de son titre honorifique de meilleur joueur du monde et remporter la Coupe du Monde, le Championnat d’Europe, la Ligue des Champions.

Quatre ans plus tard, Ronaldo réalise le plus grand retour de l'histoire du football, et, surtout,
dévoile au monde la coupe de cheveux dite de la "vulvette".


Et puis viendra la renaissance, en 2002, lors du Mondial asiatique. Ronaldo n’a quasiment pas joué depuis la précédente Coupe du Monde. S’il figure dans la sélection brésilienne, c’est presque une surprise. Son état de forme est incertain, et personne ne s’attend à grand-chose de sa part – après tout ce qu’il a traversé, c’est déjà bien qu’il soit là, se dit-on. Un mois et huit buts plus tard, Ronaldo, meilleur buteur du tournoi avec huit buts et vainqueur de la compétition, signera sa résurrection et refermera la parenthèse de ces quatre années de galère. Le malaise de 1998 était oublié, définitivement, et le Fenomeno était de retour, signature ultra-médiatique au Real Galactique à la clé. Mieux, encore : en 2006, un Ronaldo désormais trentenaire et largement bedonnant insrivait trois nouveaux buts, améliorant d'une unité le total de buts inscrits en Coupe du Monde (le précédent record, détenu par l'Allemand Gerd Müller, était de quatorze réalisations).

Le record : (qui sera peut-être battu par l'Allemand Klose dans les prochains jours...)