Affichage des articles dont le libellé est Schwarzenegger. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Schwarzenegger. Afficher tous les articles

jeudi 6 août 2015

Blockbusteromètre : saison 1, épisode 1 - Terminator Genisys

Alan Taylor, 2015.

Première superproduction à passer à la moulinette du Blockbusteromètre cette année. On va enfin savoir ce que les robots ont dans le bide.

To be or not to be.

1 : Originalité nanarde du pitch : 5/10
Dans ce cinquième film de la saga Terminator, le leader de la rébellion contre les machines, John Connor, envoie son bras droit dans le passé pour sauver sa mère mais évidemment, les machines ne l’entendent pas. Robots tueurs, voyages temporels, on est en plein dans l’univers créé par James Cameron en 1984. Rien de franchement nouveau sous le soleil, même si on est toujours content de retrouver ces thèmes improbables.

2 : Efficacité du placement de produits : 6/10
Avec une intrigue comme celle de Genesys, pas évident de mettre de la réclame sur la pellicule. Heureusement, les producteurs ont consciencieusement épluché les quatre volets précédents, et ont se sont aperçu que les voyages dans le temps ne pouvaient se faire qu’intégralement nu. L’occasion pour Kyle Reese, envoyé en 1984, de piquer une paire de Nike au détour d’une course-poursuite.

3 : Quotient pyrotechnique : 4/10
On ne va pas se mentir, ça castagne à tout va dans ce dernier Terminator.  Mais quitte à faire dans la franchise, autant reconnaître qu’Alan Taylor, le réalisateur, venu de la télé, n’est pas un expert dans l’art de chorégraphier des scènes à grand spectacle. Les effets spéciaux n’ont rien d’exceptionnel, et s’il y a, en termes de quantité, une dose estimable de cascades, poursuites et autres destructions, le film ne fait pas non plus exploser la jauge boum-boum, au point même de pâtir de la comparaison avec les premiers épisodes de la saga, qui datent pourtant d’il y a 31 et 24 ans. On peut même regretter que la séquence du pont ne remplisse que 20% de son potentiel, tant il y avait matière à en tirer une scène époustouflante.

4 : Taux d’américano-centrisme : 8/10
L’humanité est en danger ? Pas de souci, tout se règlera en Californie. Un acteur coréen fait bien un peu de figuration dans le premier quart du film, mais c’est évidemment dans un rôle de méchant. Pour le reste, les décors, la langue utilisée pour s’exprimer, le passeport de l’élu, les mentalités, c’est clair : on est bien aux Etats-Unis. Et sans aucune intention d’en partir.

Kyle Reese irait plus vite avec des Nike.

5 : Charisme du méchant : 4/10
Faire de John Connor, le héros historique de la saga, le méchant-surprise de ce film au gré d’une farce de l’espace-temps était sur le papier une idée prometteuse. Mais malgré ses cicatrices, son sourire machiavélique et son invulnérabilité apparente, Jason Clarke, qui interprète le rôle, ne fait pas peur à grand monde. L’autre méchant du film, le superprogramme Genisys donne carrément plutôt envie de se marrer, avec ses pixels bleus et sa voix stupide. Bref, le T-800 du premier opus et surtout le T-1000 du deuxième volet restent indétrônés.

6 : Coefficient d’incongruité scénaristique : 4/10
A partir du moment où il y a des voyages temporels, c’est bien connu, les scénaristes peuvent à peu près tout se permettre, certains qu’ils sont que les spectateurs déjà bien content de s’y retrouver n’iront pas chercher la petite bête. Rien d’apparemment trop grossier dans Terminator Genisys, même si l’effet éculé au possible de la fausse mort de Schwarzenegger à la fin du film mérite une belle mention.

7 : Respect du quota de bimbos : 5/10
Genisys a obtenu une belle prise en guerre en la personne d’Emilia Clarke, la Daenerys Targaryen de la série Game of Thrones, starlette particulièrement en vue depuis quatre ans et ici choisie pour interpréter la mythique Sarah Connor. Mais depuis ses multiples exhibitions dans le show d’HBO, la jeune femme exige de ne plus se dévoiler face caméra, et, en conséquence, apparaît cadrée à hauteur d’épaule dans la brève scène de nu qu’elle a à jouer. Endossant le rôle d’une guerrière, elle échappe également au maquillage et aux talons aiguilles, ce qui fait encore baisser un peu plus la note. Heureusement, son partenaire Jai Courtney, torse nu ou en marcel, tous muscles dehors, comble le quota des amatrices et amateurs de colosses bodybuildés.

Daenerys Targaryen brune, habillée et sans ses dragons. Incognito, quoi.

8 : Potentiel auteurisant : 2/10
Pas grand-chose à tirer de ce côté-ci non plus. Bien calibré, filmé de façon totalement impersonnelle, sans questionnement particulier ni volonté de dépasser son sujet, le film pourrait avoir été réalisé par n’importe qui. D’ailleurs, Alan Taylor et n’importe qui, n’est-ce pas au fond un peu la même chose ?

9 : Cultitude des répliques : 5/10
Au milieu d’un sacré paquet de dialogues pontifiants sur la nécessité de sauver l’humanité, Terminator Genisys réussit malgré tout à sauvegarder une certaine dérision, qui passe principalement par le personnage de Schwarzenegger, objet de multiples vannes sur son âge (Sarah Connor l’appelle « Papy ») et sa non-humanité supposée (on voit ainsi à plusieurs reprise l’acteur, qui interprète un robot T-800, s’essayer à des mimiques vaguement censées évoquer un sourire). La réplique phare du film résume bien cet état d’esprit et résonne comme un programme : « Vieux, mais pas obsolète » déclare le robot à propos de lui-même. Et derrière lui, c’est Arnold Schwarzenegger, 68 ans au compteur, qui semble s’exprimer.

10 : Capacité de mutation en franchise : 10/10
Difficile de faire plus fort que Terminator Genisys de ce point de vue. Cinquième épisode se voulant le nouveau départ d’une franchise déjà adaptée en série télé, en bande dessinée, en jeu vidéo et même en logiciel d’échecs, le film peut prétendre engendrer encore un certain nombre de petits frères avant que le filon soit épuisé. Surtout si on considère que le procédé du voyage temporel permet d’effacer tous les acquis d’un film sur l’autre, et donc, en définitive, de raconter en douce toujours la même histoire.


Score pop-corn global : 53/100

Dans la moyenne, c’est-à-dire visible, mais vraiment pas indispensable et vraisemblablement vite oublié. Le blockbuster lambda, ni plus, ni moins. Pas la peine de prendre trop de pop-corn, le rythme n'est jamais assez frénétique pour que la consommation devienne compulsive. Par contre, prévoir une boisson, de préférence gazeuse - le 7up semble parfaitement indiqué.



mardi 4 août 2015

Les blockbusters de l'été au banc d'essai : Préambule

L'été arrive, le cours du pop-corn remonte.

L’été (en acceptant que celui-ci commence début juin et non aux alentours du 21 de ce sixième mois de l’année) est traditionnellement, au cinéma, la période de sortie des principaux blockbusters. Un blockbuster, qu’est-ce que c’est ? C’est, selon la définition la plus stricte du terme, un film, généralement américain, à gros budget et gros revenus, qui ne brille pas particulièrement par la finesse de son scénario ni par la qualité de sa réalisation, mais par le nombre de ses scènes d’actions ainsi que par les moyens qui y sont déployés, par le matraquage médiatique intense qui précède sa sortie et par le nombre impressionnant d’entrées en salles effectué par ces films.

Pourquoi ces films sortent-ils principalement l’été ? Pour tout un tas de raisons mercantiles, qui peuvent toutes être résumées en une seule : parce que les gens sont en vacances. Ainsi, en vacances, les gens ont plus de temps libre et donc plus d’opportunités d’aller au cinéma. Ainsi, en vacances, les gens partent souvent loin des zones dites culturellement plus à la pointe, privilégiant le balnéaire au culturel, et, faute de cinémas d’art et d’essai, vont se rabattre plus volontiers sur un complexe multisalle. Ainsi, en vacances, les gens vont se retrouver plus facilement en groupe, et le dénominateur commun le plus bas étant souvent l’envie de « ne pas se prendre la tête », ils se tourneront plus facilement vers le film le plus bas de plafond, avec lequel tout le monde sait à quoi s’attendre. On pourrait même ajouter que le peu d’importance accordé aux dialogues dans les blockbusters rend parfaitement possible de les voir dans un pays étranger et dans une langue étrangère, tant ce qui s’y dit n’a que peu d’importance par rapport à ce qu’on y voit.

Mais est-ce à dire que les blockbusters sont tous des films débiles et décérébrés ? Les choses sont un petit peu plus compliquées que ça. Disons que comme tout genre cinématographique, le blockbuster a vu passer quelques chefs d’œuvres, y compris récemment. A titre d’exemple, le premier film vraiment considéré comme un blockbuster, à savoir Les Dents de la mer, de Steven Spielberg (1975) est inventif, bourré de qualités, et a su résister au temps, pour devenir, quarante ans après sa sortie, un véritable classique. Mais dans leur volonté de plaire au plus grand nombre (et surtout, d’être vus par le plus grand nombre), il est vrai que la plupart des blockbusters sont loin de taper aussi haut. Ce qui n’empêche pas, au milieu d’un certain marasme, d’assister à de belles surprises.

Les Dents de la mer, ou comment couper à tout le monde l'envie d'aller à la plage.
J’ai entrepris de visionner tous les blockbusters de cet été 2015. L’idée est de pouvoir ainsi les confronter, et de savoir lequel est LE blockbuster ultime de ces grandes vacances. Attention, il ne s’agit pas de définir le meilleur de ces films, non (et donc pas non plus d’en faire de vraies critiques), mais d’établir, de façon parfaitement objective, lequel correspond le mieux au stéréotype du blockbuster hollywoodien tel qu’on le connait depuis le milieu des années 70. Pour ce faire, chacun des films visionnés sera noté sur 10 critères. Ces critères, les voici. 


1 : Originalité nanarde du pitch : Un blockbuster, c’est avant tout un pitch, c’est-à-dire un argument de départ résumable en deux ou trois phrases. Evidemment, le véritable but d’un blockbuster étant d’accumuler les scènes d’action, le scénario (et donc le pitch) n’est généralement qu’un prétexte, et par conséquent, tout y semble permis, y compris les idées que toute personne sensée rejetterait d’un revers de main en s’exclamant « mais c’est complètement con ! ». Plus l’idée de départ est bête, plus le blockbuster s’annonce excitant.

Le maître en la matière : Abraham Lincoln, chasseur de vampires (Timur Bekmambekov, 2012) En termes de pitch à la con, ce film est assez difficilement prenable. Il présente même l’avantage de présenter son programme dès son titre : oui, il s’agit bien des aventures de l’ancien président américain, aux prises avec des vampires au cours de ce qui est présenté comme une aventure de jeunesse d’Abraham Lincoln.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Cloud Atlas (Andy et Lana Wachowski, 2013) Impossible à résumer, ce film choral se déroulant à six époques différentes a sans doute cru qu’on pouvait impunément prendre les spectateurs pour des gens intelligents, et forcément, massivement jugé incompréhensible, il a fait un four.



2 : Efficacité du placement de produits : Les blockbusters coûtent très cher, c’est un fait, et donc ils se doivent de rentabiliser au mieux leurs pharaoniques dépenses. Une méthode a fait ses preuves : conclure un partenariat avec différentes marques en faisant figurer, moyennement un petit geste financier, des produits dans le film, lequel prend alors des airs de publicité déguisée (un gros plan sur le sigle de la voiture du héros, un insert sur ses baskets neuves…), ce qui a le don d’exaspérer le spectateur un peu tatillon. C’est ainsi que Coca, Apple et leurs copains se sont petit à petit immiscés dans les salles obscures, jusqu’à devenir d’incontournables compagnons de pop-corn.

La scène la plus mémorable de I, Robot. Ce qui en dit long sur la qualité du film.
Le maître en la matière : I, Robot (Alex Proyas, 2004) A peu près oublié par tout le monde depuis sa sortie (il avait marqué le début de la fin pour son réalisateur Alex Proyas auquel beaucoup avaient imaginé un avenir prometteur à ses débuts), ce film a en revanche marqué une nouvelle étape dans le placement produit : Audi, JVC et surtout Converse se taillent la part du lion, au point de voler la vedette à un Will Smith qu’on a connu plus inspiré.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Pirates de Caraïbes (Gore Verbinski, 2003) Evidemment, c’est pas simple de glisser discrètement des publicités pour des produits de notre époque dans un film censé se dérouler au XVIIIème siècle. On a bien eu droit à un début de polémique à propos d’un bonnet porté par Johnny Depp et qui serait de fabrication Adidas, mais c’est tout.



3 : Quotient pyrotechnique : Un bon blockbuster, c’est avant tout une orgie de scènes d’actions. Et qui dit scène d’action dit forcément castagne à gogo, poursuites en voitures et explosions en tous genres, avec, si possible, la destruction de quelques monuments connus pour agrémenter le tout. Le but avoué est d’en mettre plein la vue au spectateur, et que celui-ci rentre chez lui en ayant l’impression d’en avoir eu pour son argent, de façon à ce qu’il ne s’interroge pas tellement sur le reste du contenu du film.

Le maître en la matière : Rock (Michael Bay, 1996) Michael Bay est notoirement connu depuis ses débuts à Hollywood pour être un dangereux pyromane jamais avare d’une explosion et déterminé à réduire en miettes le moindre élément de décor qu’on met à sa disposition. Ici, les scènes d’actions s’enchainent à une vitesse telle que si le film avait duré ne serait-ce que cinq minutes de plus, c’est vraisemblablement toute l’équipe de tournage qui y serait passée.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Spiderman (Sam Raimi, 2002) Désireux de voir grand pour la première adaptation ciné des aventures de l’homme-araignée, Sam Raimi avait concocté une scène d’action finale monumentale, où Peter Parker tissait sa toile entre les deux tours du World Trade Center. Pas de chance, le 11 septembre est passé par là, et il a fallu prévoir un plan B pour ne pas remuer le poignard dans la plaie.



4 : Taux d’américano-centrisme : Les blockbusters sont des films américains avant tout. Les Etats-Unis se doivent donc d’y être au centre du monde, quand ils ne sont pas le monde à eux tous seuls. Des extraterrestres débarquent ? Ils choisissent le Nevada ou le Wyoming, voire carrément Washington. Un fou muni d’armes surpuissantes menace la planète ? Il s’attaque au Pays de la Liberté. Et quand les étrangers y apparaissent, ils se doivent d’y être les plus caricaturaux possible : les Anglais boivent du thé, la France se résume à la Tour Eiffel et l’Amérique du Sud est une vaste zone de non-droit, sans parler de la Russie, qui malgré les branlées qu’elle se prend film après film, persiste à vouloir attaquer les Etats-Unis. Et bien sûr, tout le monde parle anglais partout.

Dans Independence Day, les Martiens ne s'en prennent pas à n'importe qui.
Le maître en la matière : The Patriot (Roland Emmerich, 2000) Tout est dans le titre, une fois de plus. Prenant pour cadre la guerre d’indépendance des Etats-Unis et pour héros le toujours très modéré Mel Gibson, ce nanar de classe mondiale dresse involontairement un grand inventaire de tous les clichés américains.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Starship troopers (Paul Verhoeven, 1998) Contrairement à beaucoup de ses collègues, Paul Verhoeven est loin d’être un imbécile et son film porte de bout en bout un regard critique sur l’extension à la planète entière du mode de vie américain. Ce qui n’empêcha pas certains esprits obtus de l’accuser de fascisme à la sortie de ce qui est sans contestation possible l'un des plus grands chefs d'oeuvres des années 90.



5 : Charisme du méchant : Scénaristiquement, un blockbuster se construit toujours autour d’un affrontement, qui est généralement celui du héros et du méchant. Prenant à la lettre le précepte d’Alfred Hitchcock (qui tel Monsieur Jourdain faisait du blockbuster sans le savoir) selon lequel plus le méchant est réussi, plus le film sera bon, les productions hollywoodiennes à grand spectacle ont toujours accordé la place du roi à l’ennemi du héros – quitte à rendre celui-ci parfois très fade en retour. Ce qui oblige à être le plus exigeant possible en ce qui concerne ce personnage-clé.

Le maître en la matière : La Guerre des étoiles (George Lucas, 1977) Oui, il y a les sabres lasers, oui, il y a la musique de John Williams, oui, il y a la création de tout un univers. Mais la pierre angulaire du succès de Star Wars, c’est Dark Vador, tout le monde le sait. C’est-à-dire le méchant le plus mythique de l’histoire du cinéma, encore plus que Nosferatu, Michael Corleone, Hal et Freddy Krueger.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Batman et Robin (1997, Joel Schumacher) Au sein d’un casting à la dérive, Arnold Schwarzenegger en Mr Freeze réussit à remporter la palme du grotesque dans ce qui est sans doute son pire rôle. Recouvert d’une impressionnante couche de peinture argentée, il cabotine en permanence. Pour ne rien arranger, il ne meurt même pas à la fin du film.

Et voilà comment on devient gouverneur de Californie.


6 : Coefficient d’incongruité scénaristique : Un blockbuster étant jugé avant tout sur ses scènes d’action, tout ce qu’on trouve immanquablement entre une poursuite et une bagarre est plus ou moins du remplissage, uniquement là pour justifier les explosions qu’on verra ensuite. Ce qui oblige généralement les scénaristiques à un paquet de contorsions pour pouvoir relier les scènes entre elles, quitte à enfiler les incohérences comme on enfile les perles. Si sur le moment, le public n’y prête pas forcément attention, ces détails se retrouvent souvent au centre de grandes controverses entre fans.

Le maître en la matière : Rambo 3 (Peter McDonald, 1988) Astuce prisée par les scénaristes pour ne pas avoir à s’embêter : faire du héros du film un semi-débile plus prompt à tirer sur tout ce qui bouge qu’à utiliser ses neurones. Ça permet de justifier des scènes d’action plus ou moins n’importe quand et ça aide aussi à trimballer le protagoniste de gauche à droite sans s’emmerder à y trouver la moindre logique. 

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Mad Max Fury Road (George Miller, 2015) Pour éviter l’écueil tant redouté d’un scénario incohérent, George Miller a de son côté recours à un procédé visionnaire : il supprime le scénario. Résultat : deux heures d’orgie de mise en scène. Un coup de maître.


7 : Respect du quota de bimbos : Le public de blockbuster est beauf, ou du moins considéré comme tel par les producteurs. Pour lui envoyer du rêve à bas prix, rien de tel que de lui faire contempler des gens beaux, et si Brad Pitt, Tom Cruise ou Johnny Depp ont pu faire fureur en premier rôles, ce sont surtout les femmes dont la plastique se doit d’être impeccable et qui ont interdiction d’avoir dépassé les trente-cinq ans. Il leur faudra aussi apparaître dans plusieurs tenues différentes et porter des talons en toutes circonstances. En revanche, il leur est interdit de montrer leurs seins, toute nudité pouvant entraîner une interdiction du film aux moins de treize ans – lourd manque à gagner pour les studios.

Le genre de plans qui émaillent négligemment Fast and furious d'un bout à l'autre.
Le maître en la matière : Casino Royale (Martin Campbell, 2006) On sait ce qui a fait le succès des James Bond. Décontraction, vodka-martini, Aston Martin, scènes d’action à couper le souffle, gadgets à gogo et paysages de carte postale. Et les filles. Tellement importantes qu’elles ont acquis, avec le temps, le surnom de James Bond Girls. Rien que dans cet opus, on retrouve, dans ce qui ressemble parfois à un concours de tenues affriolantes, Eva Green, Ivana Milicevic et surtout la très visuelle Caterina Murino.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Harry Potter à l’école des sorciers (2001, Chris Columbus). Les héros sont des enfants, et la plupart des adultes présents dans le film ont dépassé la soixantaine. Dur dur d’offrir au mâle alpha sa dose d’érotisme bon marché dans cette situation. Heureusement, il y aura sept suites, ce qui permettra à Emma Watson (dix ans au début de la saga) de grandir petit à petit pour devenir le sex-symbol que l’on sait.



8 : Potentiel auteurisant : Fritz Lang, qui réalisait des superproductions dès les années vingt, avait affirmé ne se considérer que comme un artisan, et en aucun cas un artiste. Tous les réalisateurs de blockbusters n’ont pas cette humilité, et on en a vu un paquet afficher des ambitions d’auteur, tenter de montrer qu’eux aussi étaient capables de proposer une certaine vision du monde à travers leurs films à gros budgets. Leur réussite a été variable, certes, mais avec quelques succès indéniables qui ont avec le temps fait entrer certains blockbusters dans la caste très fermée des chefs d’œuvre du septième art, et ce malgré le préjugé défavorable dont ils sont généralement l’objet de la part d’une certaine branche ultra-élitiste du public.

Le maître en la matière : Mission impossible (Brian De Palma, 1996) Question blockbuster de légende, avec son Tom Cruise iconique, ses 450 millions de dollars de recette mondiale et ses quatre suites, Mission impossible se pose là. Mais derrière le succès commercial, on retrouve, à chaque plan ou presque, la patte unique et reconnaissable entre toutes de Brian De Palma, ses obsessions pour l’image et le point de vue, son entremêlement étroit du vrai et du faux et ses mouvements de caméra somptueux. 

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Hulk (Ang Lee, 2003) Confier l’adaptation des aventures de l’incroyable Hulk au réalisateur taïwanais de Garçon d’honneur et de Tigre et Dragon était un pari audacieux. Ce fut surtout une grosse plantade : laminé par la critique et boudé par le public, le film figure aujourd’hui au panthéon des mauvais souvenirs hollywoodiens.



9 : Cultitude des répliques : Si un blockbuster se doit de briller par la qualité et le nombre de ses scènes d’actions, il est toujours de bon ton d’y faire figurer quelques répliques cinglantes pour permettre au spectateur d’évacuer la pression accumulée en rigolant un bon coup. Si l’humour n’y vole jamais très haut, une bonne dose de second degré y est attendue : un bon blockbuster est un blockbuster qui ne se prend pas au sérieux, d’où le fréquent recours à des acteurs de comédie pour interpréter les seconds rôles. De plus, il apparaît nécessaire de toujours se ménager une ou deux répliques qui passent vraiment à la postérité, histoire de donner un os à ronger au fan service.

Bruce Willis dans le premier Die Hard. L'exemple typique du héros qui ne se prend pas la tête.
Le maître en la matière : Last Action Hero (John McTiernan, 1993) Pur objet de jouissance cinéphile, ce petit bijou de John McTiernan offre deux heures dix de bonheur visuel. Mieux : en multipliant les clins d’œil, les références et en assumant son second degré (croisant un personnage interprété par F. Murray Abraham, le Salieri d’Amadeus, le jeune héros s’écrie à Schwarzenegger : « Méfie-toi de lui, il a tué Mozart ! »), Last Action Hero remplit également et de façon très efficace sa mission d’amusement des masses.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Interstellar (Christopher Nolan, 2014) Avec un casting ultra-prestigieux (Matthew MacImprononçable, Anne Hathaway, Matt Damon, Jessica Chastain, Michael Caine), un sujet prise de tête (traverser un trou noir pour sauver l’humanité) et un budget colossal, Interstellar avait tout pour marquer l’histoire du blockbuster. Pas de chance, il est plombé de bout en bout par un esprit de sérieux ampoulé au possible et c’est bien malgré lui qu’il parvient in extremis à arracher quelques sourires.



10 : Capacité de mutation en franchise : Le principal objectif des blockbusters reste avant tout de faire de l’argent, si possible sans trop se fouler en termes d’imagination. D’où l’existence de nombreuses suites, voire même de films dérivés qui n’ont que peu à voir avec le produit original, sinon de disposer du même label. Tout blockbuster digne de ce nom se doit de se ménager la possibilité d’un second opus, voire d’une transformation en saga. A part, bien sûr, ceux qui sont déjà des suites de films préexistants, et qui, ces dernières années, auraient presque tendance à devenir majoritaires.

Le maître en la matière : Les Aventuriers de l’Arche perdue (Steven Spielberg, 1981) Au départ, il n’y avait qu’un film, réalisé par Spielberg et produit par Lucas. Mais le succès fut au rendez-vous, le personnage interprété par Harrison Ford devint culte, tout comme la musique et le succès de cet aventurier à mi-chemin entre Tintin et un héros de western spaghetti. Résultat : trois suites, une série télé dérivée et une quinzaine de jeux vidéo inspirés par le film.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Gladiator (Ridley Scott, 2000) En plus de relancer la mode des peplums à Hollywood et de valoir l'Oscar du meilleur acteur à Russell Crowe pour son interprétation du général Maximus, le film a réussi à rapporter la bagatelle de 450 millions de dollars. De quoi aiguiser les appétits et envisager sereinement de tourner un second épisode. Problème : à la fin du film, le héros Maximus meurt. Erreur de débutant. Dans ces conditions, dur dur d'imaginer un scénario qui tienne la route pour un deuxième volet. Eternel serpent de mer des studios hollywoodiens, Gladiator 2 ne verra vraisemblablement jamais le jour...


Depuis 2008, Robert Downey Jr a joué six fois le rôle d'Iron Man. Et ça lui aurait rapporté près de 400 millions de dollars.


Score pop-corn global : C’est l’addition des notes sur dix obtenues dans chacune de ces dix catégories – c’est-à-dire une note sur cent. Histoire de ne pas gâcher trop de pop-corn.




Retrouvez tous les blockbusters comparés en cliquant sur cette page.