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mercredi 19 août 2015

Blockbusteromètre : saison 1, épisode 4 - Les Fant4stiques

Josh Trank, 2015

Son plantage magistral au box-office n'était pas une raison suffisante pour que cette nouvelle aventures de Captain Fantastic, la Femme invisible, la Torche humaine et la Chose échappe à la moulinette du Blockbusteromètre. On va enfin être fixés sur ce dont sont vraiment capables ces quatre guignols en costumes.


Vu comme ça, on dirait presque un remake de L'Apiculteur...

1 : Originalité nanarde du pitch : 1/10
Enième adaptation Marvel, le film nous rejoue le coup des héros qui, suite à une exposition à la radioactivité (où tout autre phénomène approchant), se découvrent des superpouvoirs. Comme Spiderman, Hulk, Daredevil, le Dr Manhattan ou les X-Men (bien qu’il y ait controverse à leur sujet). Cette fois-ci, ils sont quatre, ce sont donc les Quatre Fantastiques, dans ce qui est déjà leur troisième transposition à l’écran en vingt ans, après un nanar en 1994, et un navet en 2005 (qui avait eu une suite deux ans plus tard). Rien de nouveau sous le soleil des superhéros, donc.

2 : Efficacité du placement de produits : 3/10
Alors que les opus de la décennie précédente s’étaient signalés par un opportunisme de tous les instants en matière publicitaire, rien de trop visible ici, hormis une citation orale d’Instagram, plutôt bien amenée, d’ailleurs. Cette sobriété est toutefois à tempérer par le fait que le film soit lui-même une gigantesque publicité pour la série de bande dessinée dont il est l’adaptation.

3 : Quotient pyrotechnique : 2/10
Pas grand-chose à se mettre sous la dent là non plus, hélas. Pire, même : le film surprend par son peu d’action. Et quand l’heure est enfin arrivée de se bagarrer (dans le cadre prometteur du champ de force d’une autre dimension), les effets spéciaux sont tellement laids et la scène tellement bâclée qu’on en ressort avec le sentiment de s’être vaguement fait avoir.

4 : Taux d’américano-centrisme : 7/10
Dommage que l’un des héros (le geek Reed Richards, futur Mister Fantastic) s’offre une escapade en Amérique latine et que sa comparse Susan Storm soit une orpheline kosovare adoptée par le bon docteur Storm, sinon, le film aurait obtenu un très joli score. Car tout le reste est évidemment américain, dans les Fant4stiques, et les laboratoires US sont évidemment (et de loin) les meilleurs du monde. Cerise sur le gâteau : la première chose que font les futurs Fantastiques, en mettant le pied dans l’autre dimension (qui engendrera leur mutation), c’est d’y planter la bannière étoilée.

5 : Charisme du méchant : 2/10
La particularité du film, c’est que durant sa plus grande partie, il n’y a pas vraiment de méchant. On croise bien un jeune scientifique désagréable avec tout le monde qui écoute du Vivaldi quand il déprime, et un chef de labo sans scrupule, mais ils ne font pas peur à grand monde. Et c’est seulement dans le dernier quart du film que Victor Van Doom se transforme en Docteur Fatalis et décide de détruire le monde. Problème : une dizaine de minutes à peine après être apparu, il est déjà vaincu, sans que personne n’ait vraiment eu le temps de trembler.

Le redoutable Dr Fatalis et sa non moins redoutable capuche.
6 : Coefficient d’incongruité scénaristique : 6/10
Dans un déroulement apparemment linéaire et sans surprise (le passage où Richards et Grimm sont enfants, voie pavée de lieux communs…), on retrouve heureusement ici et là quelques petites perles : les jeunes héros qui se retrouvent complètement ivres après avoir bu quelques gouttes d’alcool seulement, le rôle complètement bancal tenu par Susan Storm lors de leur premier aller-retour dans l’autre dimension, les relations entre personnages complètement décousues, et surtout, le point d’orgue que constitue l’arrivée gratuite du méchant et sa destruction immédiate – et c’est déjà fini. Sans parler du casting, intégralement composé de comédiens largement trop vieux pour leurs rôles.

7 : Respect du quota de bimbos : 4/10
Kate a beau être l’aînée des sœurs Mara, elle n’en est pas moins dans l’ombre de sa cadette Rooney, et il est difficile pour le spectateur en manque de dessous sexy de réprimer un soupir de déception en s’apercevant que le film a choisi la mauvaise frangine (c’est un peu comme être invité à une soirée où on annonce Cohn-Bendit et voir débouler Gabriel au lieu de Daniel). La jeune femme a certes un joli minois, la question n’est pas là, mais elle a dû mal à assumer sur ses seules épaules le versant « charme » du film, surtout que toutes les pistes de romances sont évacuées sitôt évoquées et que les occasions pour elle de se mettre en valeur sont à peu près inexistantes.

8 : Potentiel auteurisant : 8/10
Josh Trank n’est pas n’importe qui. Âgé de seulement 31 ans, il a derrière lui un premier film, Chronicle, qui a profondément divisé la critique – il y était déjà question d’ados qui se découvrent des pouvoirs, preuve que le jeune homme a un univers assez cohérent. Ce qu’on raconte du tournage des Fant4stiques (qui aurait été émaillé d’un bout à l’autre de querelles incessantes entre Trank et ses producteurs, lesquels auraient ensuite massacré le film au montage) et l’approche du film, centré sur ces personnages plus que sur le spectaculaire, laisse entrevoir un cinéaste doté d’une forte personnalité et d’une patte certaine, mais qui n’a pas été capable de s’imposer face au rouleau-compresseur que peut être Hollywood. Espérons pour lui qu’il rebondisse vite et qu’il continue à creuser cette veine ado et mutante avec davantage de succès la prochaine fois. Sans producteur casse-couille pour l’empêcher de laisser libre court à ses envies de grand récit.

Avec deux câbles et le cruciforme que lui a donné son pote, Mister Fantastic se balade où il veut.
9 : Cultitude des répliques : 2/10
On ne va pas se mentir, Les Fant4stiques est à peu près totalement dépourvu du moindre humour et meublé de quelques répliques qu’on sent destinées à devenir mythiques mais qui tombent complètement à plat (« Docteur, vous misez gros sur ces gamins. Je ne mise pas gros, je mise tout. » ou bien « De quoi avez-vous besoin pour le retrouver ? De musique. »), tant elles sont débitées avec premier degré. Pas grand-chose à retenir, donc.

10 : Capacité de mutation en franchise : 4/10
De quoi être partagé. Car d’un côté, Les Fant4stiques fait partie de l’immense catalogue Marvel, qui phagocyte l’industrie du blockbuster depuis six ou sept ans maintenant, et donc il y a fort à parier que ce film est censé n’être qu’un jalon parmi tant d’autres de la transposition des célèbres superhéros  sur grand écran. Mais de l’autre, contrairement aux aventures d’Iron-Man, Hulk, Thor ou Captain America, produites par Disney, la destinée des Quatre Fantastiques est entre les mains de la Fox, et il paraît donc compliqué pour Mister Fantastic et ses copains de rejoindre rapidement les autres stars des comics dans leurs aventures consanguines. Pour ne rien arranger, le film a fait un flop retentissant au box-office, réalisant l’un des pires scores de l’histoire pour un film de superhéros. Alors si on devait miser, on imaginerait bien la Fox vendre les droits à Disney, et la firme de Mickey entreprendre un troisième reboot en quinze ans très prochainement, pour enfin intégrer les Quatre Fantastiques à son écurie. Soit exactement ce qui est en train de se produire pour Spiderman.



Score pop-corn global : 39/100

Tout petit score, qui confirme que si le public n’a pas toujours raison, loin de là, il n’a cette fois pas eu tort de bouder cette énième aventure de superhéros. Essayer d’obtenir les pop-corn les plus grillés possibles, afin qu’ils croustillent en faisant un maximum de bruit, et arroser ça d’un jus d’orange plein de vitamine C. Bref, mettre toutes les chances de son côté pour être certain de rester réveillé jusqu’au bout du film.



vendredi 10 juillet 2015

La Loi de Murphy 3 : Le Biopic qui fout la honte


Une affiche qui sent le chef d'oeuvre...

Quand Brittany Murphy est morte, en ce dégueulasse matin de décembre 2009, elle ne se doutait pas, la pauvre, qu’à l’instar d’un wagon de célébrités de seconde zone disparues précocement, elle ferait l’objet, cinq ans à peine après son décès, d’un biopic. Le biopic, c’est la biographie filmée, c’est-à-dire un film qui retrace la vie d’une sommité, ou qui revient sur son œuvre, ou qui s’attache à un ou plusieurs épisodes marquants de son existence. Si le genre a vu naître quelques véritables chefs d’œuvres (Last Days de Gus Van Sant sur Kurt Cobain ou Raging Bull de Martin Scorsese sur Jake LaMotta), il est généralement propice à un festival d’académisme, sans prise de risques artistique aucune, et où tout l’enjeu se situe sur la performance de l’acteur principal et son degré de mimétisme vis-à-vis de son modèle : ainsi, Jamie Foxx en Ray Charles ou Eddie Redmayne en Stephen Hawking ont trouvé, dans l’incarnation de modèles prestigieux, le plus rapide et le plus efficace des laissez-passer pour l’Oscar du meilleur acteur, tout en inscrivant leurs prestations dans des films à peu près nuls.

Heureusement, rien de tout ça dans The Brittany Murphy Story. Le biopic consacré à feue mon actrice préférée n’est pas seulement un film nul, loin de là. C’est surtout un authentique nanar de compétition, navrant de bout en bout – une heure vingt qui en paraît cinq. Tourné en seize jours et visiblement écrit en vingt minutes, il apparaît comme un hommage involontaire aux choix de carrière pas toujours judicieux de son héroïne, qui, si elle avait poursuivi sur la voie dans laquelle elle semblait s’engager avant de décéder bêtement, aurait vraisemblablement fini par échouer dans des productions de ce niveau. Reste qu’elle les aurait sûrement bonifiées par son talent, qui fait ici cruellement défaut.

Par où commencer ? Par le casting, peut-être. Quand le meilleur personnage est celui d’Ashton Kutcher (jeune premier à la mode au début des années 2000, héros de Hé mec, elle est où ma caisse ? et de L’Effet papillon, éphémère fiancé de Brittany Murphy qu’il avait rencontrée sur le tournage de Pour le meilleur et pour le rire et surtout connu pour avoir été marié à Demi Moore) qui doit ici apparaître une dizaine de minutes, forcément, c’est que quelque chose cloche quelque part. Et fatalement, quand on regarde le reste de la distribution (peu fournie), le bât blesse. L’acteur qui interprète Simon Monjack, le mari de Brittany, est une sorte d’hybride hagard de Jean-Luc Mélenchon et d’un ours en peluche, absolument incapable de faire sourdre la potentielle dangerosité de son personnage, et si la comédienne qui interprète la mère de l'actrice, Sherilyn Fenn (vue dans Twin Peaks), est légèrement meilleure, elle est tellement mal dirigée qu’elle semble jouer dans un autre film que ses partenaires.

Quant à Amanda Fuller, qui incarne Brittany Murphy, elle ne parvient jamais à rappeler son modèle. Déjà, elle ne lui ressemble pas du tout, mais cela ne serait pas rédhibitoire si, par son jeu, elle parvenait à l’évoquer (après tout, Leonardo diCaprio faisait un Howard Hugues confondant et Reese Witherspoon une June Carter monstrueuse, ce qui n’était pas gagné en mettant côte-à-côte leurs photos et celles de leurs modèles). Hélas, sa palette de comédienne ne dispose que de deux expressions, la moue triste et le sourire joyeux – quand on sait à quel point la personnalité de la Brittany Murphy actrice passait par ses yeux fous et ses lèvres mobiles, c’est très insuffisant. Au niveau de l’investissement physique vis-à-vis de son personnage, c’est encore pire : si, au début du film, alors que Brittany est sensée être encore un peu grassouillette, son double menton est crédible, à la fin, lorsque maladie, anorexie et dépression la cernent, il fait franchement tache. Mais ce n’est rien par rapport à la façon dont son interprétation colore son personnage : Brittany Murphy n’apparaît jamais autrement que comme une ado niaise et mal dégrossie, jamais sexy, souvent rabat-joie et à moitié débile. Il n’est pas certain que ce soit un choix délibéré de la part de la production, et on peut donc penser qu’une grande partie ce résultat est à mettre à l’actif de cette pauvre Amanda Fuller.
 
La Brittany du film. Oui, ça surprend, au début. D'un bout à l'autre, même.
Mais l’interprétation n’est même pas le point le plus faible du film. Sa réalisation met la barre un cran plus haut encore. Le manque de moyens est évident, mais ne justifie pas tout : les perruques de certaines comédiennes sont carrément visibles – et on ne me fera pas croire qu’il n’y avait vraiment pas moyen de trouver une comédienne blonde dans tout Hollywood pour venir dire les trois phrases dévolues au personnage d’Alicia Silverstone. Mieux encore, les plans ne signifient jamais rien : ils montrent les acteurs qui jouent des personnages et enregistrent ce qui se dit, c’est tout. Rien, d’ailleurs, n’est jamais signifié autrement que par le dialogue, et les rares fois où il se passe quelque chose qui relèverait plus ou moins de l’implicite (Sharon, la mère de Brittany, est peu enthousiaste lorsqu’elle rencontre Simon, son nouveau petit ami), c’est lourdement appuyé quelques secondes après (Simon va retrouver Sharon dans la cuisine et lui dit quelque chose comme « Sharon, je vous sens méfiante », ce à quoi elle répond un truc du style « oui, Simon, je le suis », et Simon de gagner illico sa confiance) sans même avoir pris le temps de créer un vrai malaise.

Visiblement conscient des limites évidentes de la réalisation, le scénario s’arrange pour effectuer des ellipses dès qu’il s’agirait de montrer quelque chose aux enjeux plus complexes qu’une simple discussion. Ainsi, la rencontre de Brittany avec un personnage aussi sulfureux qu’Eminem, sur le tournage de 8 Mile, n’apparaît pas (le rappeur est mentionné une fois mais n’est présent dans aucune scène) alors même qu’il s’agit de l’un des films les plus cruciaux de la carrière de l’actrice. Sa rupture avec Ashton Kutcher non plus, ni son premier baiser avec Simon. Même son malaise fatal n’est pas filmé, et les paparazzis, présentés par le film comme les grands méchants qui ont précipité la mort de l’actrice (Simon leur lance, en ouverture du film, un vengeur « C’est vous qui l’avez tuée ! ») ne sont visibles que tant qu’ils ont l’actrice à la bonne, disparaissant dès qu’ils semblent se retourner contre elle.

Ce défaut scénaristique (est-il dû à la nullité des scénaristes ou bien à leur volonté de ne pas mettre dans l’embarras une réalisation proche de l’amateurisme ? mystère) est loin d’être le seul. En effet, le recours à certaines ficelles grossières (on imagine sans mal les discussions des scénaristes cherchant à rythmer leur film, à base de « tout va bien ? alors mettons un cancer à la mère de Brittany pour plomber l’ambiance, puis faisons la guérir à la scène d’après parce que ça nous emmerde de traiter un sujet pareil, et qu’en plus comme ça, on se garde sous le coude une opportunité de lui faire faire une rechute si on a du mal à remplir certains passages ») subit la rude concurrence de tout ce qui passe à la trappe dès que la scène est finie : Simon qui fait une crise cardiaque dont on entend plus jamais parler, Ashton qui éveille sa jalousie en s’invitant au repas d’anniversaire de Brittany au cours d’une scène aussitôt oubliée par l’ensemble des protagonistes, Sharon Murphy qui, voyant sa fille prendre un cachet, s’écrie « des antidépresseurs ! » avec la même horreur que si sa fille lui annonçait qu’elle se pique à l’héro mais considère ça comme étant tout à fait normal dès le plan suivant, Simon qui fait lire à Brittany un scénario qu’il a écrit pour elle et dont il ne sera plus jamais question sitôt le dialogue terminé... Bref, ça n’a ni queue ni tête, les scènes se suivent sans la moindre logique, comme si ni le réalisateur ni les acteurs ne savaient dans quel ordre elles allaient ensuite être assemblées.



Même la chemise que porte Simon dans cette scène ne parvient pas à sauver le film du nauvrage.

Surtout, et c’est là le plus embêtant, quand le film se termine, on n’en sait pas davantage sur Brittany Murphy qu’après avoir lu sa page Wikipédia, et même plutôt moins. Tout ce qu’on voit, c’est une fille geignarde et nunuche, incapable de sortir des jupes de sa mère, à l’opposé du petit détonateur sexy et plein de peps qu’était l’actrice du temps où elle arpentait encore les plateaux télés. Ce qui l’a tuée ? La méchanceté du monde, et des paparazzis en particulier, qu’elle a eu la bêtise de prendre pour ses amis (Simon a beau lui lancer à plusieurs reprises, dès leurs premières rencontres « ces types-là ne sont pas vos amis », ça ne l’empêche pas de se lamenter à la fin du film « je croyais que c’étaient mes amis »), et sûrement pas les médicaments, dont la consommation n’est jamais interrogée, ni la drogue (le film passe même sous silence le tabagisme de l’actrice), si bien qu’à la fin du film, quand Brittany, malade, est alitée, on a aucune idée du mal dont elle souffre – c’est comme si le film s’interdisait de prendre parti à chaque fois qu’il en a l’occasion.

De la même façon, la dimension potentiellement malsaine du ménage à trois qu’elle a formé avec sa mère et Simon n’est jamais exploitée, ni, plus largement, le rapport ambigu qu’elle entretient avec sa génitrice (le parti pris pour signifier l’aspect fusionnel de leur relation est désarmant de simplicité : Sharon Murphy dit amen à tout ce que souhaite sa fille, et en étant contente, histoire que cette dernière ne passe pas pour une gamine capricieuse). Le pacte faustien qu’elle passe en épousant Simon (escroc minable et scénariste sans talent, magouilleur sans envergure et stéréotype du raté) n’est exploité d’aucune autre façon que lorsqu’il lui répète qu’il veut « relancer sa carrière », et c’est peu dire qu’il le répète souvent, sans qu’on le voit jamais agir (ni ne pas agir, d’ailleurs, ce qui aurait pu constituer une piste intéressante – on comprend que cette perspective ait fait reculer les scénaristes).

Plus largement, le couple formé par la starlette et son Pygmalion amateur n’est crédible à aucun moment. Les scénaristes utilisent pourtant une ficelle éculée depuis des dizaines d’années en décidant de faire de Simon une sorte d’ange-gardien bedonnant et mal rasé qui veille sur Brittany et surgit toujours au bon moment pour la tirer d’affaire, ils sont pris à revers : si, en se forçant un peu, on parvient à imaginer ce que Brittany peut trouver de rassurant et de touchant chez ce raté un peu gauche mais protecteur, on a les pires peines du monde à comprendre ce que lui peut bien apprécier chez elle, qui n’est ni belle, ni drôle, ni intelligente, d’autant que la piste d’une union intéressée est évacuée sitôt évoquée.

Alors qu’il y avait matière à faire un beau film sur les illusions brisées, sur le rêve américain qui vole en éclats contre les collines d’Hollywood, ou alors un thriller façon Dahlia noir sur la mort mystérieuse d’une jeune starlette, The Brittany Murphy story prend la forme d’un banal empilement de scènes vaguement unifiées par une esthétique de téléfilm cheap. Brittany Murphy, son entourage parfois trouble (sa mère possessive, son mari arnaqueur, son père qui a passé douze ans en prison – il n’apparaît pas dans le film et son existence n’est pas mentionné une seule fois) et ses fréquentations rock’n roll en diable (Eminem, Mickey Rourke, Drew Barrymore, Mohamed Al-Fayed… il y avait au moins matière à faire une belle galerie de portraits) méritaient tous d’être mieux exploités. Le réalisateur, Joe Menendez, et le tandem de scénaristes formé par Peter Hunziker et Cynthia Riddle ont préféré faire un portrait de l’actrice en cruche de compétition, dont la mort, laissée inexpliquée, n’émeut personne (malgré une scène quasi-finale plus que gênante où, dans la salle de bain fatale, Simon et la mère de Brittany, agenouillés et en larmes sur le corps inerte de l’actrice, tentent de la ranimer en l’aspergeant – piteuse pietà).


Le genre de tête que Brittany, la vraie, aurait faite si elle avait pu voir le film.

Sans surprise, le film (qui n’a même pas eu les honneurs d’une sortie en salles) a reçu une volée de bois vert de la part de la critique. De façon non moins prévisible, le père et la mère de Brittany, pour une fois sur la même longueur d’onde, ont déclaré qu’il s’agissait d’une merde qui ne restituait rien de ce qu’avait été la vie de leur fille. Quant à moi, entendons-nous bien : si je l’ai vu, c’est principalement pour vous éviter d’avoir à le faire.




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