mardi 6 janvier 2015

Personnalité de l'année 2014 : les candidats (2/2)

Deuxième moitié des candidats au titre de personnalité de l'année 2014...



6 : Peter Piot

Qui c'est ?
Un scientifique belge spécialiste de la microbiologie, jusqu'à présent célèbre pour avoir dirigé pendant treize ans le programme de l'ONU destiné à coordonner la lutte contre le SIDA.

Quel est son principal fait d'armes en 2014 ?
En réalité, pas grand chose, puisqu'il est nommé cette année pour un acte remontant à 1976 : c'est en effet à cette date qu'il a, le premier, identifié le virus Ebola, revenu sur le devant de la scène ces derniers mois et coupable de déjà plus de 8000 morts.

Quels sont ses atouts ?
La gravité de la situation. Depuis des décennies, déjà, on nous annonce régulièrement de nouvelles épidémies: on se souvient ainsi d'H1N1, de la vache folle, de SRAS, de la grippe aviaire... Mais Ebola, maladie ancienne, semble d'un autre trempe, en témoignent les dégats, d'ores et déjà considérables, réalisés par le virus en Afrique de l'Ouest. Dans ces conditions, le chercheur qui a, le premier, identifié l'ennemi (et qui ne cesse aujourd'hui de plaider pour l'usage de traitements expérimentaux pour endiguer la pandémie), semble un candidat idéal au titre de personnalité de l'année 2014.

Qu'est-ce qui pourrait le faire perdre ?
La jurisprudence Peter Higgs. Il y a deux ans, le physicien anglais avait été nommé au titre de personnalité de l'année. Il n'avait rien fait de particulier en 2012 (attention, nul doute qu'il s'était livré à des travaux d'importance qui nous dépassent totalement, je veux juste dire que 2012 n'avait pas été si différente, pour lui, de 2011 ou de 2010), mais le monde s'était chargé de le remettre sur le devant de la scène : c'est cette année-là qu'avait été mis en évidence le célèbre boson de Higgs, dont le savant avait prédit l'existence dès les années 60. Un temps en lice pour la victoire, Higgs s'était finalement incliné en finale contre Barack Obama, souffrant de n'avoir rien fait "lui-même" en 2012. il pourrait arriver la même chose au belge Peter Piot : être élu homme de l'année 2014 pour une découverte datant de 1976 n'aurait objectivement pas grand sens.





7 : Matteo Renzi

Qui c'est ?
Un homme politique italien, de sensibilité de centre-gauche, ancien scout et ancien maire de la ville de Florence.

Quel est son principal fait d'arme en 2014 ?
Le 17 février, il est convoqué par le Président italien, Giorgio Napolitano, qui le charge de former un gouvernement : cinq jours plus tard, il prête serment et devient le plus jeune président du Conseil de l'histoire de la péninsule, et ce dans un contexte économique et politique extrêmement difficile.

Quels sont ses atouts ?
Sa jeunesse, comme mentionné plus haut, et surtout son énergie, qui lui a valu, quelques semaines à peine après son arrivée au pouvoir, d'être considéré comme le principal leader de la social-démocratie européenne (au nez et à la barbe de François Hollande et Manuel Valls, pourtant à la tête du pays "socialiste" le plus riche et le plus peuplé) et comme le chef de file des opposants à la politique d'austérité imposée par Bruxelles et Angela Merkel aux pays du Sud de l'Europe.

Qu'est-ce qui pourrait le faire perdre ?
L'émergence d'une vraie gauche européenne. Quelques mois après sa prise de fonction, l'euphorie est déjà retombée : Matteo Renzi, à la tête d'un pays marqué par l'interminable règne de Silvio Berlusconi, la gestion technocrate de Mario Monti et la montée d'un populisme incarné par Beppe Grillo, n'est pas le héraut d'une gauche radicale, et fait finalement même figure de centriste. La contestation de gauche est désormais incarnée par le parti Syriza, au porte du pouvoir en Grèce, et par le mouvement Podemos, en tête des intentions de votes en Espagne.





8 : Dilma Rousseff


Qui c'est ?
Une ancienne activiste de la résistance brésilenne, du temps de la dictature, qui a rejoint le Parti des travailleurs en 2001, et a succédé à Lula à la présidence du Brésil en 2010.

Quel est son principal fait d'armes en 2014 ?
Sa réélection à la tête du pays, malgré une campagne difficile marquée par l'émergence de plusieurs figures d'opposition, et par un mouvement populaire important lié au coût de l'organisation de la Coupe du monde de football au Brésil l'été dernier.

Quels sont ces atouts ?
Sa résistance. Dans les années 1970, elle avait été torturée pendant vingt-deux jours sans dénoncer ses camarades de lutte, alors tout combat relève désormais pour elle de la gnognotte. Le mouvement contestataire contre l'organisation du Mondial ? Il n'a pas empêché la tenue de la compétition, ni n'empêchera celle des prochains Jeux Olympiques en 2016 à Rio. Les sifflets dont elle a été victime à chaque apparition publique ? Ils se sont avérés insuffisants pour lui faire perdre l'élection présidentielle. Autant dire qu'il faudra se lever de bonne heure pour empêcher Dilma Rousseff de faire ce qu'elle veut quand elle le veut.

Qu'est-ce qui pourrait la faire perdre ?
Le Mineirazo. Le 8 juillet dernier, dans l'Estadio Mineirao de Belo Horizonte, devant 58000 spectateurs et plusieurs centaines de millions de télespectateurs, le Brésil affronte l'Allemagne en demi-finale de son Mondial. Malgré le mouvement de contestation dont a été l'objet la compétition, tout un peuple veut y croire. Le retour à la réalité aura le goût d'une baffe : à la mi-temps, les Allemands mène 5 à 0, et s'imposent finalement 7 - 1, dans ce qui restera dans les annales comme la plus grosse défaîte de l'histoire de l'équipe brésilienne en Coupe du Monde, et assurément la plus grande humiliation jamais subie par une équipe à ce stade de la compétition, qui plus est à domicile. Dans ces conditions, difficile pour Dilma Rousseff d'apparaître comme une gagnant.





9 : Luis Suarez

Qui c'est ?
Un footballeur uruguayen aussi génial que fantasque, fer de lance de l'attaque de son pays et auteur de nombreux buts tous plus beaux les uns que les autres.

Quel est son principal fait d'armes en 2014 ?
D'abord, en mai, il est sacré meilleur buteur européen de la saison 2013-2014 à égalité avec la star portugaise Cristiano Ronaldo. Ensuite, en juin, pendant la Coupe du Monde, il se distingue en mordant jusqu'au sang l'un de ses adversaires, l'italien Giorgio Chiellini, ce qui lui vaudra une exclusion du Mondial et une suspension de quatre mois. Enfin, en juillet, il signe au FC Barcelone pour la modique somme de 81 millions d'euros, ce qui fait de lui le joueur le plus cher de l'année.

Quels sont ses atouts ?
Incontestablement sa folie. L'une de ses inspirations, une main géniale, avait, il y a quelque temps, déjà fait l'objet d'un article sur l'Obvisper, mais c'est loin d'être tout : coupable de propos racistes il y a quelques années à l'encontre du français Patrice Evra, cannibale récidiviste (Chiellini, qu'il a mordu l'été dernier au Mondial, est le troisième adversaire à être victime des canines voraces de Suarez), buteur inspiré (de multiples compilations de ses buts géniaux sont visibles sur youtube) mais surtout, amant éperdu. En effet, et c'est là le plus incroyable, Suarez est le seul footballeur a avoir embrassé cette vocation... par amour. Quand il a treize ans, son amoureuse lui fait ses adieux : elle quitte l'Uruguay pour l'Europe avec ses parents, ce qui rend leur histoire impossible. Qu'à cela ne tienne : le petit Luis décide de tout mettre en oeuvre pour la rejoindre, et pour lui, le moyen le plus simple est encore de réussir dans le football, c'est-à-dire d'y devenir suffisamment fort pour être appelé dans une équipe du vieux continent. Et c'est ainsi qu'à dix-neuf ans, en 2006, il traverse l'Atlantique pour rejoindre l'équipe de Groningue, aux Pays Pas. La fin de l'histoire ? Il retrouve l'amour de son adolescence et l'épouse. Evidemment.

Qu'est-ce qui peut le faire perdre ? 
Son début de saison. Depuis qu'il est arrivé à Barcelone, et surtout depuis qu'il est autorisé à jouer, Suarez peine à retrouver le niveau qui était le sien à Liverpool ou en équipe d'Uruguay. La faute à une trop longue période d'inactivité du fait de sa suspension, mais surtout au système de jeu de son nouveau club, qui lui impose de se sacrifier continuellement au profit de l'argentin Messi, la star de l'équipe, au lieu de chercher à marquer, ce qui était sa spécialité. Du coup, les statistiques sont sans appel : depuis ses débuts au Barça, il n'a marqué que trois buts, bien loin des trente-et-un de sa saison passée.






10 : Conchita Wurst


Qui c'est ?
Une drag-queen autrichienne, de son vrai nom Thomas Neuwirth, connue pour son personnage de diva barbue.

Quel est son principal fait d'armes en 2014 ?
Sa victoire mêlée de scandale lors du concours de l'Eurovision, qui n'avait jamais été aussi médiatisé que cette année. Les conservateurs de tout poil se sont élevés contre sa participation, les télés de certains pays allant même jusqu'à boycotter ce rendez-vous traditionnel de la chanson européenne, lui offrant par là une notoriété inédite : la drag-queen se retrouve invitée à défiler pour Jean-Paul Gaultier puis à chanter devant le Parlement européen.

Quels sont ses atouts ?
Elle est devenue un symbole. Par son triomphe autant que par les réactions contrastées qui l'ont accompagné, Conchita Wurst est devenue, du jour au lendemain, un nouvel étendard pour la communauté LGBT, en des temps où la question de droits des minorités sexuelles est particulièrement sensible : elle n'est pas seulement une drag-queen, mais aussi (et surtout) une drag-queen barbue, suprême audace et pied de nez (pour le meilleur et pour le pire) aux tenants d'un certain ordre reposant sur la norme. Du coup, elle a cristallisé autour de sa personne un certain nombre de critiques, notamment des nationalistes d'Europe de l'Est ou de Christine Boutin, jamais avare de gloriole bon marché, et, en contre-coup, a été défendue bec et ongle par tous ceux qui ont vu en elle l'expression d'une jolie liberté en matière de moeurs.

Qu'est-ce qui peut la faire perdre ?
L'amour de l'art. Avant l'avènement de Conchita Wurst, les musiciens autrichiens les plus illustres de l'histoire s'appelaient Johann Strauss, Joseph Haydn, Gustav Mahler ou Franz Schubert, sans même évoquer un certain Wolfgang Amadeus M. Et c'est là que la comparaison est terrible : sans démériter dans un genre terriblement mineur, la lauréate de l'Eurovision 2014 se situe à des années lumières de ses glorieux prédécesseurs. Et comme son statut d'icône gay ne doit pas non plus nous faire fermer les yeux (ni, surtout, les oreilles) sur tout, on est obligé de reconnaître que musicalement, Rise like phoenix, ça ne vole pas très haut...

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