Pyrame et Thisbé |
Les polémiques nées de conflits d’intérêts entre la
proximité des journalistes avec le pouvoir sont légions. On se souvient ainsi des mises en retrait
de Béatrice Schönberg ou Audrey Pulvar, lorsque leurs compagnons Jean-Louis
Borloo et Arnaud Montebourg ont fait leurs entrées respectives au gouvernement.
C’est également le lot du sport. On se souvient, en France, de la période où
Raymond Domenech était sélectionneur et où sa compagne, Estelle Denis,
présentait 100% Foot, sur M6, une émission durant laquelle le coach des Bleus
était souvent brocardé par les chroniqueurs, Pierre Ménès et Dominique
Grimault. Si le professionnalisme d’Estelle Denis permit pendant longtemps le
bon déroulement de l’émission, c’est à Raymond Domenech qu’on doit le moment le
plus célèbre de cette collusion : lors de l’Euro 2008, juste après
l’élimination française à l’issue du dernier match de poules perdu face à
l’Italie. Au micro que lui tendant un journaliste, le sélectionneur annonça que
son seul projet était « d'épouser Estelle ». On imagine la gêne
d’Estelle Denis reprenant l’antenne quelques instants pus tard.
En Espagne, c’est en 2010 qu’a lieu un incident équivalent.
Sara Carbonero, jeune femme de vingt-six ans, est journaliste de la chaîne
Telecinco, journaliste sportive. L’année précédente, c’est elle qui a couvert
la Coupe des Confédérations, et, forte de son titre de « plus belle
journaliste sportive du monde » décerné par le magazine FHM en 2009, elle
devient la vedette du service des sports de Telecinco. Lors de la Coupe du Monde
2010, en Afrique du Sud, elle suit tous les matches de l’Espagne depuis le bord
du terrain. L’équipe espagnole, la Roja, championne d’Europe deux ans plus tôt,
est l’un des principaux favoris de la compétition, avec l'Allemagne et le Brésil.
Bienvenue au pays des soeurs Cruz. |
Problème, dès le premier match, l’Espagne s’incline, un à
zéro et à la surprise générale, face à la Suisse. Sara Carbonero se retrouve
sous le feu des critiques, accusée par certains journaux d’avoir causé la
défaite espagnole : sa présence au bord du terrain aurait distrait Iker
Casillas, gardien et capitaine de la Roja. Car voilà : à la ville, Sara et
Casillas sont en couple, et tout le monde a beau connaître le sérieux de
l’implication de Casillas, n’importe quel homme ayant posé les yeux sur Sara ne
peut que constater qu’elle peut distraire n’importe qui n’importe quand.
Dans la réalité, il n’en est rien, et Casillas, qui n’avait
déjà pas grand-chose à se reprocher sur ce but encaissé face à la Suisse, n’encaissera
qu’un seul autre pion de toute la compétition. L’Espagne, de son côté, battra
le Honduras et le Chili en poules pour se qualifier au second, où elle
éliminera successivement le Portugal, le Paraguay et l’Allemagne pour se hisser
jusqu’en finale, où, au bout de la compétition, elle triomphera des Pays-Bas
pour s’offrir son premier sacre mondiale. La Roja, éternelle favorite jamais
titrée, souvent moquée et qualifiée de « championne du monde des matches
amicaux », s’installera enfin sur le toit du football mondial. Pendant
longtemps, l’Euro 1964 avait été le seul trophée de la sélection espagnole. Il
fallu l’éclosion de la génération de Casillas, Xavi, Iniesta, Puyol et Sergio
Ramos pour enfin dépoussièrer l’armoire à trophées et empiler l’Euro 2008, le
Mondial 2010 et l’Euro 2012.
Ce n’est qu’au soir de la victoire espagnole que l’on
réentendit parler de Sara Carbonero. Durant la compétition, elle s’était
volontairement faite discrète, pour ne plus embarrasser Casillas. Elle avait
même cédé son statut de principale vedette people à un mollusque, le poulpe Paul, pensionnaire de l’aquarium d’Oberhausen en Allemagne et auteur d’un
sans-faute en pronostiquant sans aucune erreur tous les matches sur lesquels
ses soigneurs l’interrogèrent, même la victoire finale de l’Espagne sur les
Pays-Bas.
Tiens, une scène coupée de Game of Thrones ! |
L'acte :
Note : Sara et Iker sont tous les deux attendus ces prochaines semaines, au Brésil, pour de nouveaux épisodes de leur love story. Sauf que cette fois, l'Espagne ne gagnera pas...
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