Cet article a valeur de préambule d'une série consacrée aux moments récents les plus mythiques de la Coupe du Monde de football. Retrouvez les autres sur cette page.
Franz Beckenbauer disputant, le bras en écharpe, la légendaire demi-finale Allemagne - Italie de 1970 (4-3 pour l'Italie)
Depuis le début, ou presque, la Coupe du Monde regorge
d’instants de légende, de moments mythiques, ressassés à l’envi. Ainsi, qui ne
connait pas l’histoire du but de l’Anglais Hurst en finale de la
coupe du monde 1966, qui n’était vraisemblablement pas valable ? Qui n’a
pas entendu parler du doublé de Maradona (main de Dieu et but du siècle) contre
l’Angleterre en 1986 ? Du France – Allemagne de 1982 avec l’attentat de
Schumacher sur Battiston ? De Baggio ratant son tir au but en 1994 et
précipitant ainsi la défaite de l’Italie qu’il avait lui-même hissée en
finale ? De l’Allemagne et l’Autriche s'accordant pour faire match nul,
éliminant ainsi l’Algérie, en 1982 ? De Pablo Escobar, défenseur colombien
qui, après avoir marqué contre son camp, fut assassiné à son retour au
pays ? De Pelé, et de sa passe aveugle pour Carlos Alberto en finale de la
Coupe du Monde 1970 ?
Tous ces évènements, tragiques, comiques ou magnifiques,
sont entrés dans l’Histoire de la plus prestigieuse compétition sportive au
monde. Dans quelques jours, au Brésil, débutera une nouvelle édition de la
Coupe du Monde de football : la vingtième. Et alors, pendant un mois, de nouveaux chapitres de la légende du
Mondial s’écriront. A coup sûr.
Davor Suker prenant son pouls avant de tirer un penalty.
Pour preuve, onze moments récents. Onze, comme le nombre de
joueurs dans une équipe de football. Récents, pour faire taire les ronchons, ceux qui marmonnent tout le temps que c'était mieux avant, parce que ceux qui pensent que la
légende appartient aux temps passés, aux images en noir et blancs et aux
courses saccadés des ailiers le long de la ligne, ils se trompent : la
légende est en marche, elle ne cesse jamais de s’écrire. Le curseur a été fixé
en 1998. 1998 est l’année où le peuple français s’est aperçu que la football
existait – tout ce qui est arrivé avant n’a pas existé, ou presque, dans
l’Hexagone. 1998 est également la première année où le Mondial a réuni
trente-deux équipes – quatre ans plus tôt, en 1994, il n’y en avait que vingt-quatre. 1998, encore,
est la première coupe du monde diffusée sur Internet, la première scrutée aussi
mondialement, la première où rien n’a pu échapper à personne. Enfin, 1998 est
surtout la première des coupes du monde que j’ai moi-même pu suivre – en 94, je
n’avais que cinq ans, et je m’intéressais alors à peu près autant au football
qu’à la trigonométrie.
1998, 2002, 2006 et 2010, ça ne fait que quatre éditions,
quatre éditions pour onze moments. Et pourtant, il a fallu en éliminer, des beaux
et des tristes, des injustes et des somptueux. La tragique agression du
gendarme Nivel par des hooligans allemands (1998), la prière collective des Brésiliens après la victoire (2002), la trahison de Cristiano Ronaldo faisant
expulser Wayne Rooney, son coéquipier à Manchester United (2006) ou la cocasse
opposition des frères Boateng, Jérôme avec l’Allemagne et Kevin-Prince avec le
Ghana (2010) n’y ont pas trouvé place. Mais l'amateur trouvera quand même de la violence, de l’amour, de la
triche, des coups du destin, des inspirations lumineuses et des scandales :
tout ce qui fait la Coupe du Monde. En attendant, soyons sûrs que dès les
prochains jours, les terrains brésiliens nous offriront d’autres de ces
instants hors du commun. Ils seront l’œuvre des plus grandes stars, Messi,
Ronaldo ou Neymar, ou bien d’anonymes, d’arbitres, de journalistes ou de
spectateurs, d’entraîneurs, peut-être, de n’importe qui, en fait. Mais ils
seront là, comme à chaque fois, et c’est eux qui placent la Coupe du Monde au-dessus
de tout – oui, tout, absolument et très exactement TOUT.
[ceci est le premier volet d’une série de quatre articles
traitant plus ou moins librement de la représentation de l’homme dans l’espace
au cinéma – le deuxième est disponible ici, le troisième là et le dernier est en cours d'écriture]
Le Futur
J’ai récemment revu 2001 : l’Odyssée de l’espace, chez
moi, avec un copain, après nous être goinfrés de pâtes bolognaise. C’était la
troisième ou quatrième fois que je le voyais, je ne sais plus, en un peu moins
de dix ans (je parle de 2001, pas de mon pote).
J’aime beaucoup mon DVD de 2001. C’est l’un des premiers que
j’ai eu, à une époque où je n’avais encore que des cassettes VHS, c’était l’une
de ces vieilles éditions aux boîtes en carton, et dans cette édition précise,
Warner Bros collection Stanley Kubrick qui doit dater de 2002 ou 2003 (et non
pas 2001, hélas), il y a un défaut de fabrication assez rare : une faute
d’orthographe dans le titre du film, non sur la jaquette, heureusement, mais
sur la tranche qui transforme l'Odyssée en Odysée, et c’est ce cas unique (ou rare, au moins) qui fait que je suis si
attaché à mon DVD de 2001 – davantage, d’ailleurs, au DVD qu’au film : il
doit s’agir d’un de mes deux ou trois DVD préférés, avec celui de Scarface et
celui d’Ocean’s Eleven que j’ai prêté il y a huit ou neuf ans, je n’arrive plus
à me souvenir à qui, et bien sûr, personne ne me le rend, alors que si je
devais procéder à un classement de mes films préférés, 2001 figurerait certes en
position confortable, mais hors du top ten, plutôt aux alentours de la 30ème
place, quelque part entre Le Voleur de bicyclette et Le Bon, la Brute et le
Truand, ce qui, en soi, n’est pas un mauvais classement, j’en conviens, mais
bon nombre de cinéphiles plus ou moins avertis le placent volontiers plus haut,
et je me sens coupable de ne pas les imiter.
A l’intransigeante
chapelle kubrickienne qui me somme de m’expliquer, je n’ai rien à dire. Rien, à
part que j’adore 2001, mais qu’il y a des films que j’aime davantage
encore. Rien que chez Kubrick, par exemple, je préfère Barry Lyndon. Il y a
également Shining et Orange mécanique, que je mets volontiers au même niveau
que 2001. Mais ça ne veut pas dire que je n’aime pas 2001. Bien au contraire.
En revoyant 2001, je n’ai pas pu m’empêcher d’admirer la
puissance narrative de Kubrick. Pendant longtemps, il ne se passe rien, ou
presque, les fausses-pistes se succèdent, et on est littéralement scotché. Ça
commence dès l’écran noir du début, sur fond de Zarathoustra. Il n’y a pas
d’image, rien que de la musique, et on n’ose pas bouger. Ensuite, les singes.
Pas de dialogue, un pastiche de documentaire animalier, la musique, le
monolithe, et puis les singes découvrent l’outil, s’en servent pour créer des
armes, et paf, raccord sur un vaisseau spatial avec une valse viennoise en
bande-son, et une première histoire mettant en scène des scientifiques, sur la
lune, une histoire obscure.
Ce ne sera pas encore la bonne histoire, puisqu’il y aura
ensuite la séquence des astronautes aux prises avec Hal, leur ordinateur
dépressif, puis encore le trip mystique de la fin. A chaque fois, et de façon
croissante, le spectateur est pris aux tripes, alors même qu’il est baladé
d’histoire en histoire et que jusqu’il faut attendre la fin pour comprendre là
où Kubrick veut en venir. Dans le fameux trip psychédélique final, on pourrait
lâcher, on pourrait se dire que ça commence à bien faire, que Kubrick dépasse les bornes. Mais non, on est pris, on est totalement pris : on l’est
même de plus en plus, et le paradoxe, c’est que le film est impossible à
raconter, et que sa cohérence n’apparaît qu’à la fin.
"Maurice, tu pousses le bouchon un peu trop loin."
C’est cela qui est le plus surprenant, dans 2001 :
l’impression d’évidence créée par la juxtaposition de segments n’ayant rien
d’autre en commun que l’irruption d’un monolithe noir. Se créé, entre le
réalisateur et le spectateur, un pacte qui fait que le premier a le droit
d’emmener le second où il veut, absolument partout où il veut, et ce pacte
n’est jamais rompu, et le spectateur se laisse conduire, émerveillé.
On connait le legs de 2001 : c’est un amas d’images que
personne n’avait jamais filmées, et qui ont toutes eu le temps de devenir des
clichés. Personne n’avait jamais filmé d’hommes préhistoriques. Personne
n’avait jamais filmé de vaisseau spatial. Personne n’avait jamais filmé de trip
psychédélique. Kubrick a été le premier, et il a été massivement copié. 2001
fait partie de ces films où quasiment chaque plan a été l’objet d’un pastiche,
d’un plagiat ou d’une parodie, ou des trois à la fois. Mais il n’est pas
affaibli par tous ces emprunts, qui pourraient lui donner un air daté ou
vaguement nanardeux. Au contraire, il sort vainqueur de la comparaison avec à
peu près tous ses héritiers.
A cause de quoi ? D’abord, il y a l’image. Je n’ai
jamais eu l’occasion de voir 2001 au cinéma, mais la dernière fois que je l’ai
revu, après la bolognaise, c’était sur une télé beaucoup plus grande que les
fois précédentes, et j’ai pu apprécier le changement. J’imagine que sur un
écran de cinéma, le chef d’œuvre est encore plus écrasant. L’image est absolument
incroyable, qu’il s’agisse des scènes de la vallée du Rift, de celles dans
l’espace ou du trip final. Chaque nouveau plan fait presque l’effet d’une claque, et les effets
spéciaux n’ont absolument pas vieilli : on croit aux vaisseaux spatiaux,
et leur architecture combinée au jeu avec la pesanteur permet à Kubrick des plans dont personne n’avait jamais osé rêver (le footing sur 360°, la roue des
hôtesses, la réparation…)
Il y a la musique, aussi. Personne aussi bien que Kubrick
n’a su insérer de la musique dans ses films. Il y a Haendel et Schubert dans
Barry Lyndon, Beethoven dans Orange Mécanique. Et les deux Strauss dans 2001.
Un vaisseau spatial sur fond de Beau Danube bleu : l’association est
géniale, entre le modernisme de fiction de la conquête de l’espace et le charme
daté des valses viennoises, entre l’image et le son, qui identifie la
technologie au raffinement – c’est Johann Strauss. Des hommes singes dans la
savane en train de découvrir que s’ils se servent de leurs mains pour attraper
des objets (au hasard, des os de tapir), l’objet peut devenir une arme :
bande-son Zarathoustra, c’est l’autre Strauss, Richard, et c’est Nietzsche,
aussi. C’est ça, 2001, également, c’est un grand barnum où l’on retrouve
pêle-mêle la technologie de pointe, la préhistoire, le vide silencieux du cosmos, Nietzsche, le LSD, les extra-terrestres et la valse.
Enfin, il y a Hal, LE personnage charismatique du film. Les
autres, des singes aux scientifiques, sont tous ternes, voire interchangeables.
Les hommes-singes se ressemblent en tous points les uns les autres. Les
scientifiques de la deuxième séquence sont tous filmés en plan suffisamment
larges pour que la caméra n’insiste jamais sur leurs visages, qu’on oublie dès
la séquence suivante. Les deux astronautes sont comme deux frères jumeaux, on
ne sait rien d’eux, ou presque : on ne les voit qu’à travers le prisme de
leur professionnalisme, immense. A leurs côtés, les compagnons plongés en
hibernation sont une entité abstraite, dont le réveil n’est jamais évoqué.
Reste Hal, qui figure souvent aux premières places des classements des plus
grands méchants de l’histoire du cinéma, aux côtés de Dark Vador, d’Hannibal
Lecter ou du Joker. On connaît l’adage d’Hitchcock : « plus le
méchant est réussi, plus le film sera bon ». Et Hal est un méchant très
réussi.
IBM
2001 a été tourné en 1965 et 1966, c’est-à-dire quelques
années avant que l’homme ne pose le pied sur la lune. Après avoir d’abord
semblé prophétique, le film s’est avéré trop optimiste quant aux justes délais
de la conquête spatiale, et est devenu uchronique depuis que la date qui
constitue son titre est passée. Mais s’il est un point sur lequel il a
indéniablement été précurseur, c’est sur le rôle de l’ordinateur. Là où
beaucoup de films mettant en scène des machines ou des robots se sont efforcé
de leur donner une apparence humanoïde, Kubrick en est resté à la forme la plus
primaire de machine pensante : l’ordinateur. Et il y a fort à parier que
les robots de demain ressembleront davantage à Hal qu’à Terminator : l’ordinateur
central, qui gère tout le vaisseau (et qui, pour nous, gèrera la maison,
programmera le four, le chauffage, nous réveillera le matin, obéira à la
moindre de nos demandes, nous écoutera et nous répondra).
On ne comprend pas tout de suite que Hal est le méchant du
film. Au début, on a même un peu envie de se moquer de lui, avec son accent So
british et son phrasé maniéré – et puis, quand même, ce n’est qu’un point rouge
dans une sorte de cadre, ça ne peut pas être un vrai personnage. On se dit
qu’il ne compte pas, puisqu’il n’est pas humain – alors même que c’est lui qui
accomplit le travail le plus considérable. Le drame éclate quand on saisit que
Hal est lui-même conscient de cette situation, qu’il éprouve des émotions,
qu’il est même en totale crise existentielle. Il n’a plus qu’à frapper :
et ce sont alors ses réponses et surtout ses silences qui nous renseignent sur
son état moral, jusqu’à sa pathétique agonie finale sur fond de diarrhée
verbale, l’une des morts de méchants les plus poignantes de l’histoire du
cinéma, alors même que tout le film semble froid et peu propice à l’empathie
envers les personnages.
L'immortelle immensité de l'âme et son désir refoulé de toute-puissante, saisis en plein paradigme bilatéral.
Kubrick ne s’intéresse pas vraiment aux extra-terrestres,
dont l’existence n’est attestée qu’environ aux deux tiers du film, sans qu’ils
jouent par la suite un rôle déterminant – on le sent bien davantage pris par ce
qu’ils révèlent chez nous. L’espace l’occupe un peu plus, mais principalement
pour les effets de style qu’il permet : silence, lenteur, obscurité,
infinie profondeur, contrastes, huis clos, esthétique tournant vers l’abstrait.
Mais ce qui le passionne réellement, c’est la machine et les possibilités dramaturgiques
qu’elle offre. Avant même l’apparition de Hal, dès ce fameux raccord déjà
évoqué où l’os de tapir devenu une arme se transforme en vaisseau spatial,
c’est la chose créée de main humaine qui est au centre des préoccupations de Kubrick,
et il paraît entendu que la seule différence entre la première image et la
seconde, c’est quatre millions d’années : au fond, une fusée et une
massue, c’est pareil. Une fusée qui pense, par contre, c’est extraordinaire :
c’est Hal. Et une massue qui pense ? La question n’est pas même esquissée,
mais reste entière : est-ce que c’est l’os de tapir qui intime à
l’homme-singe bouleversé par le monolithe de l’utiliser comme arme ?
Les mains en l'air, monsieur Copé, vous êtes cerné.
La langue française n’utilise pas, ou presque, la lettre K,
onzième lettre de l’alphabet – c’est d’ailleurs là un trait partagé parmi les langues romanes. Le K est principalement dévolu aux mots d’origines
étrangères, aux emprunts de notre langue au japonais (pour le karaté), au maori
(pour le kiwi), à l’anglais (pour le kart) ou au danois (pour le kayak). Pour
le reste, pour notre héritage latin, nous avons, pour retranscrire le phonème [k],
le choix entre le Q et le C. Il y aurait beaucoup à écrire sur l’inutilité du
Q, consonne compliquée qu’il est généralement impossible d’utiliser sans la
faire suivre d’un U, et qui, de fait, ne se retrouve employé que dans quelques
mots caricaturaux. Le C, lui, est un autre cas problématique : un coup il
se prononce [s], un coup il se prononce [k], en fonction de la voyelle qui le
suit – il peut même être orné d’une cédille (et ressembler à Ça) pour
contrevenir aux règles précédemment évoquées. C’est pourtant lui que la langue
française (à l’instar de l’italienne ou de la portugaise) a chargé de
représenter à 95% la prononciation de ce fameux phonème [k].
Car il faut bien se l’avouer, le K a plus de gueule. Son
nom, déjà, K (prononcer « ka »), a davantage de caractère que le
pauvre C (« sé »). Sa physionomie, ensuite, ces barres qui partent
dans tous les sens, tout ça lui assure un charisme évident, que le C, hélas,
est loin de partager. C’est l’un des regrets que j’ai vis-à-vis de ma langue maternelle :
qu’elle n’ait pas su incorporer plus efficacement le K, lettre jouissive à
tracer – pas autant, certes, que le Z plus gâté par la deuxième personne du
pluriel.
Ainsi, alors que les Etats-Unis, pays de langue anglaise et
donc beaucoup moins complexés que nous dans l’usage du K, alors donc qu’ils ont
eu JFK, nous, en France, nous avons eu JFC.
JFK, le vrai
JFK, c’est bien sûr John Fitzgerald Kennedy, trente-cinquième
président des Etats-Unis (premier catholique à accéder à cette fonction), mort
assassiné à Dallas, icône américaine au point que le principal aéroport de New
York porte son nom, ainsi que deux porte-avions ou le théâtre de Washington.
JFC, c’est Jean-François Copé, homme politique français des années 2000 et 2010 à propos duquel il devient
chaque jour un peu plus certain qu'il ne montera jamais plus haut que Ministre
du Budget (fonction occupée de 2004 à 2007), ce qui est particulièrement
tragique si l’on considère que, davantage qu’aucun autre homme politique en France,
Copé avait clamé son désir de devenir un jour Président de la République.
Personne, parmi les ambitieux de sa génération (Valls, NKM, Montebourg ou Xavier Bertrand), ne s’est
épanché sur le sujet avec autant d’ardeur, ni si fréquemment, et même Nicolas
Sarkozy, en son temps, avait été plus évasif. Copé, lui, affiche son ambition
depuis des années et des années – depuis près de dix ans, en fait. Et la vie,
souvent, est capricieuse : elle adore punir ceux qui ont ouvert trop grand
leurs gueules, pour parler trivialement.
Aujourd’hui, Copé est sur le point de quitter ses fonctions
à la tête de l’UMP, fonctions qu'il avait usurpées à François Fillon après le scrutin vraisemblablement truqué de novembre 2012. Alors qu’il était déjà depuis longtemps l'homme politique le moins apprécié des Français, le coup porté par l’affaire Bygmalion risque de
l’abattre pour de bon : même le plus fervent militant du parti ne pourra
pas empêcher une hésitation au moment de glisser dans l’urne un bulletin au nom
de Jean-François Copé. C’est ce qu’on appelle être grillé.
L'homme a commis deux erreurs : la première,
c’est de s’être cru plus malin que tout le monde ; la seconde, c’est de s’être
fait des ennemis jurés. Au premier rang de ceux-ci, François Fillon, qui n’a
toujours pas digéré l’élection volée de 2012 et qui vient d’obtenir sa
vengeance, avec l’éviction de Copé. A la tête de l’UMP, désormais, on retrouve
un triumvirat composé de Fillon, donc, ainsi que d’Alain Juppé et de Jean-Pierre
Raffarin. On ne pouvait pas rêver mieux pour barrer la route à un retour de Sarkozy.
Les Dalton
Parce que derrière le fusible Copé, c’est bien l’ancien
président qui se retrouve en ligne de mire. Il avait réussi à placer Copé à la
tête du parti, c’est-à-dire à qu’il continuait, en sous-main, à piloter l’UMP,
Copé étant le seul des barons à leur avoir publiquement déclaré allégeance.
Désormais, il doit composer avec Fillon, qui ne cache pas son envie d’en
découdre avec celui dont il fut premier ministre, Juppé, qui veut se poser en
recours, et Raffarin, qui, s’il n’a sans doute pas d’ambition présidentielle,
fut quand même l’un des premiers, parmi les ténors du parti de droite, à
prendre ses distances avec le tournant droitier la campagne de 2012. Aucun des trois ne souhaite un retour
aux affaires de Sarkozy, et à constater l’absence de pitié dont ils ont fait
preuve en sacrifiant Copé, il ne fait aucun doute qu’ils se montreront aussi
intraitables vis-à-vis de leur ancien patron, déjà cerné par les affaires
judiciaires (affaire Tapie, affaire Karachi, affaire Buisson, affaire Kadhafi, affaire Bygmalion, affaire Bettencourt, affaire des sondages de l'Elysée…).
Copé se rêvait JFK et ne fut que JFC, sigle qu'il partage avec le Jurançon Football Club, qui, sans lui manquer de respect, n'est pas le Real Madrid, ni même l'US Quevilly. Il est fort probable que sa carrière politique soit terminée, loins des ors qu'il convoitait tout haut. La faute à la lettre C.
Salut à toi, Lecteur. Bienvenue sur l’Observatoire des
Visions Périphériques.
Tu es arrivé sur ce blog, peut-être par hasard, ou peut-être
pas, peu importe, finalement. Le fait est que tu es là, et que j’ai l’intention
que tu y restes – et que tu reviennes.
Vive la démagogie.
Ma naissance remonte à l'année de la Chute du Mur de Berlin, ce qui veut
dire que je ne suis pas encore sénile, mais que le temps commence doucement à presser. A
presser pour quoi, je ne sais pas exactement, toujours est-il que la seule façon
d’échapper à ce temps qui passe, à ce temps implacable qui avance, qui s’écoule
et qui presse, c’est d’écrire. D’où ce blog.
Un blog pour parler de quoi ? De tout, c’est l’idée. De
tout ce qui a rapport à l’actualité (ou pas), de tout ce qui a rapport au
monde. Je n’ai pas envie de m’épancher sur ma vie privée. Je n’ai pas envie de
raconter mes aventures amoureuses, ni mes déboires professionnels. J’ai envie
de parler de cinéma, j’ai envie de parler de littérature, j’ai envie de parler
de politique, de football, de musique, de société, de nature. J’ai même envie
de parler d’économie alors que je n’y comprends rien. Je ne sais pas si ça va
intéresser grand monde – j’ai souvent tendance à surestimer la pertinence de ma
propre parole. En plus, je ne sais absolument pas comment m’y prendre pour,
comme on dit, faire « monter » un blog, pour y amener du « trafic »,
pour avoir des lecteurs, des commentaires, une tribune. Je me dis que je vais
essayer. Pour voir.
J’ai déjà, par le passé, tenté de tenir des blogs. Qu’ils
aient été consacrés au football, au cinéma ou qu’ils aient, comme celui-ci, une
vocation plus « généraliste», aucun n’a tenu bien longtemps – j’étais
jeune et futile, comme on dit.
Qu’est-ce qui ferait que l’Observatoire des Visions Périphériques
résisterait, lui, à l’usure du temps et à cette épreuve impitoyable infligée
quotidiennement par ma propre paresse ? Je n’en ai aucune idée. Peut-être
que dans un mois, à peine, peut-être même une semaine, ou encore moins,
peut-être que ce nouveau blog sera à son tour abandonné. Ce ne serait pas
surprenant. Mais le temps, qui commence à presser, est un allié. Il créé une
urgence, l’urgence d’écrire, l’urgence du dialogue. C’est sur cette urgence que
je compte pour mettre à jour régulièrement l’Observatoire de Visions Périphériques.
Pourquoi ce nom ? Depuis mon adolescence,
le concept de vision périphérique me fascine. Pour être honnête, quand on me l’a
enseigné au lycée, je n’y ai d’abord pas compris grand-chose. Mais le hasard a
voulu que le matin-même où le bac blanc consacré au sujet devait avoir lieu, je
me retrouve avec entre les mains un numéro du mensuel So Foot dans lequel
figurait une planche de Bouzard consacrée à la façon dont les arbitres
assistants faisaient pour démasquer les joueurs hors-jeu tout en suivant le
déroulement de l’action en cours. Il y était question de cônes et de bâtonnets,
bien sûr, mais surtout, c’était pour moi l’heure de la révélation : ainsi
l’Homme, égalant en cela la Femme, pouvait être capable de faire (ou voir) deux
choses à la fois. Il va sans dire que je réussis brillamment mon bac blanc (8
sur 20, ce qui était un bond de trois point par rapport aux notes que j’obtenais
habituellement dans cette matière), mais l’essentiel était ailleurs : j’avais
découvert le concept de vision périphérique, qui allait changer ma vie.
En fait, ça marche comme ça.
Désormais, je l’associe au recul, à ce recul sur les
évènements ou sur la situation, qui est l’une des qualités que j’apprécie le
plus chez les autres (et que j'aimerais plus que tout posséder). Créer un blog pour parler du monde ne pouvait se faire
sans la mention de la vision périphérique, paradoxal angle d’approche. Or,
visionpériphérique et visionspériphériques étaient des noms déjà pris. J’ai
hésité un temps, car visions-périphériques, lui, était libre, mais j’y ai vu
une lâcheté, un vol de nom déguisé, et il m’a semblé que si j’avais appelé mon
blog visionspériphériques, je n’aurais pas vu d’un bon œil le fait que débarque
un nouveau voisin avec un grand sourire, le nom visions-périphériques sous le bras.
J’ai donc rajouté, pour me distinguer, L'Observatoire, ce
qui confère, je trouve, à ce nom déjà bien ambitieux un caractère légèrement
arrogant qui n’est pas pour me déplaire. L’Observatoire des Visions Périphériques :
il va s’agir de surplomber un panorama à 360°, l’affaire n’est pas mince.
J’espère que tu auras, Lecteur, l’occasion de revenir
souvent ici. Je tenterai de t’y réserver toujours un bon accueil. Je tenterai
aussi de t’intéresser, de partager avec toi ce que je sais du monde et ce que
je pense de lui. J’essaierai de surplomber, avec toi, ce panorama à 360°. Je t’aime.
A très vite.