Cet article a valeur de préambule d'une série consacrée aux moments récents les plus mythiques de la Coupe du Monde de football. Retrouvez les autres sur cette page.
Franz Beckenbauer disputant, le bras en écharpe, la légendaire demi-finale Allemagne - Italie de 1970 (4-3 pour l'Italie) |
Depuis le début, ou presque, la Coupe du Monde regorge
d’instants de légende, de moments mythiques, ressassés à l’envi. Ainsi, qui ne
connait pas l’histoire du but de l’Anglais Hurst en finale de la
coupe du monde 1966, qui n’était vraisemblablement pas valable ? Qui n’a
pas entendu parler du doublé de Maradona (main de Dieu et but du siècle) contre
l’Angleterre en 1986 ? Du France – Allemagne de 1982 avec l’attentat de
Schumacher sur Battiston ? De Baggio ratant son tir au but en 1994 et
précipitant ainsi la défaite de l’Italie qu’il avait lui-même hissée en
finale ? De l’Allemagne et l’Autriche s'accordant pour faire match nul,
éliminant ainsi l’Algérie, en 1982 ? De Pablo Escobar, défenseur colombien
qui, après avoir marqué contre son camp, fut assassiné à son retour au
pays ? De Pelé, et de sa passe aveugle pour Carlos Alberto en finale de la
Coupe du Monde 1970 ?
Tous ces évènements, tragiques, comiques ou magnifiques,
sont entrés dans l’Histoire de la plus prestigieuse compétition sportive au
monde. Dans quelques jours, au Brésil, débutera une nouvelle édition de la
Coupe du Monde de football : la vingtième. Et alors, pendant un mois, de nouveaux chapitres de la légende du
Mondial s’écriront. A coup sûr.
Davor Suker prenant son pouls avant de tirer un penalty. |
Pour preuve, onze moments récents. Onze, comme le nombre de
joueurs dans une équipe de football. Récents, pour faire taire les ronchons, ceux qui marmonnent tout le temps que c'était mieux avant, parce que ceux qui pensent que la
légende appartient aux temps passés, aux images en noir et blancs et aux
courses saccadés des ailiers le long de la ligne, ils se trompent : la
légende est en marche, elle ne cesse jamais de s’écrire. Le curseur a été fixé
en 1998. 1998 est l’année où le peuple français s’est aperçu que la football
existait – tout ce qui est arrivé avant n’a pas existé, ou presque, dans
l’Hexagone. 1998 est également la première année où le Mondial a réuni
trente-deux équipes – quatre ans plus tôt, en 1994, il n’y en avait que vingt-quatre. 1998, encore,
est la première coupe du monde diffusée sur Internet, la première scrutée aussi
mondialement, la première où rien n’a pu échapper à personne. Enfin, 1998 est
surtout la première des coupes du monde que j’ai moi-même pu suivre – en 94, je
n’avais que cinq ans, et je m’intéressais alors à peu près autant au football
qu’à la trigonométrie.
1998, 2002, 2006 et 2010, ça ne fait que quatre éditions,
quatre éditions pour onze moments. Et pourtant, il a fallu en éliminer, des beaux
et des tristes, des injustes et des somptueux. La tragique agression du
gendarme Nivel par des hooligans allemands (1998), la prière collective des Brésiliens après la victoire (2002), la trahison de Cristiano Ronaldo faisant
expulser Wayne Rooney, son coéquipier à Manchester United (2006) ou la cocasse
opposition des frères Boateng, Jérôme avec l’Allemagne et Kevin-Prince avec le
Ghana (2010) n’y ont pas trouvé place. Mais l'amateur trouvera quand même de la violence, de l’amour, de la
triche, des coups du destin, des inspirations lumineuses et des scandales :
tout ce qui fait la Coupe du Monde. En attendant, soyons sûrs que dès les
prochains jours, les terrains brésiliens nous offriront d’autres de ces
instants hors du commun. Ils seront l’œuvre des plus grandes stars, Messi,
Ronaldo ou Neymar, ou bien d’anonymes, d’arbitres, de journalistes ou de
spectateurs, d’entraîneurs, peut-être, de n’importe qui, en fait. Mais ils
seront là, comme à chaque fois, et c’est eux qui placent la Coupe du Monde au-dessus
de tout – oui, tout, absolument et très exactement TOUT.
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