samedi 22 août 2015

Blockbusteromètre : saison 1, épisode 5 - Mission: Impossible - Rogue Nation

(Christopher McQuarrie, 2015)

Les quatre premiers opus de la saga Mission : Impossible étaient sortis avant la création de l’outil ultime de comparaison des grosses machines hollywoodiennes. Rogue Nation, cinquième aventure de l’agent Ethan Hunt, n’a pas cette chance et ne peut donc pas se débiner face à la moulinette du Blockbusteromètre. De toute façon, ça n’a pas l’air d’être le genre de la maison.


Tom Cruise dans ses oeuvres.
  
1 : Originalité nanarde du pitch : 0/10
Ethan Hunt est un agent de l’IMF (Impossible Mission Force), cellule secrète du renseignement américain, qui passe son temps à déjouer des complots, empêcher des attentats et mettre des bâtons dans les roues aux nombreux fous furieux désireux de conquérir/asservir/détruire le monde (biffez les mentions inutiles). Dans ce nouveau film, l’IMF est dissoute, Ethan est désavoué et traqué par les siens, tandis que, dans l’ombre, une inquiétante nébuleuse, le Syndicat, avance ses pions… Non, vous ne rêvez pas : on a bien déjà vu ça dix fois.

2 : Efficacité du placement de produits : 10/10
Pas grand-chose, a priori : un gros plan sur une montre Tissot, un bon quart d’heure de mise en valeur de l’Opéra de Vienne (la mise en page des programmes a l’air impec), et une démonstration de l’efficacité des airbags BMW. Mais la réalité est toute autre : à l’instar des quatre premiers films de la série, Rogue Nation est un spot de pub de deux heures pour son interprète principal, l’icône Tom Cruise. L’acteur est en effet le détenteur des droits de la saga (qui est devenue sa propre saga James Bond à lui tout seul et rien qu’à lui), ce qui signifie qu’il met en route un nouveau volet quand ça lui chante, et que chaque nouveau film est une nouvelle ode à sa force (il réalise lui-même toutes ses cascades), à sa beauté (il ne semble tellement pas avoir 53 ans que le New Yorker l’a comparé à Dorian Gray) et à sa classe (il gagne évidemment toujours à la fin, y compris au box-office). Et à travers Tom Cruise, c’est également un spot pour l’Eglise de la Scientologie, dont il est l’ambassadeur le plus médiatique.

3 : Quotient pyrotechnique : 8/10
Pas énormément d’explosions, certes, mais des poursuites (en voiture ou en moto), des bagarres (à mains nues, à coups de couteaux) et quelques fusillades. Il manque certes LA scène mémorable qui mettrait tout le monde d’accord, mais le film a l’intelligence de jouer aussi la carte du suspense, et pas qu’une fois (dans son épatante ouverture, dans la séquence à l’opéra ou encore dans la scène aquatique).

4 : Taux d’américano-centrisme : 4/10
Si l’IMF est une agence américaine, et que, par conséquent, tous les membres qui la composent sont citoyens des Etats-Unis, l’essentiel de l’action de ce nouveau volet se passe à l’étranger, dans la grande tradition du film d’espionnage. A dire vrai, le héros, Ethan Hunt (c’est-à-dire Tom Cruise), ne met même pas une seule fois les pieds sur le sol de la patrie de l’Oncle Sam, tandis que le public est baladé de Londres à Vienne en passant par Casablanca ou la Biélorussie, sans compter deux rapides incursions à Cuba et à Paris. Mais pour empêcher l’enlèvement du Premier Ministre anglais ou l’assassinat du Chancelier autrichien, pas la peine de compter sur les services de protection locaux : c’est encore à Tom Cruise de faire tout le boulot. C’est-à-dire à l’Amérique.

Isla Faust, la bien-nommée, et sa désormais célèbre paire de gambettes.

5 : Charisme du méchant : 7/10
Le principal antagoniste de Tom Cruise est un certain Solomon Lane, patron du mystérieux Syndicat et interprété par le quasi-inconnu Sean Harris (choix original mais qui peut se comprendre, si l’on considère que la saga rivale, James Bond, a choisi de s’orienter des comédiens européens de renom pour faire face à 007 : Mads Mikkelsen, Mathieu Amalric et Javier Bardem, en attendant Christoph Waltz). Harris, col roulé, diction doucereuse et face de puceau tardif (on songe parfois à Francis Heaulme), est fidèle aux clichés du genre. Mais ne nous y trompons pas : le véritable ennemi, c’est le temps. Le temps avant qu’une bombe explose. Le temps avant que le héros n’ait plus d’oxygène dans les poumons. Le temps avant que le signal de tirer sur le Chancelier soit donné. Le temps avant que Tom Cruise devienne trop vieux pour toutes ces conneries.

6 : Coefficient d’incongruité scénaristique : 10/10
Soyons sincère : en y réfléchissant bien, rien ne tient vraiment debout, dans ce film. Ça va du grand classique des motards qui préfèrent se retourner pour voir où en sont leurs poursuivants plutôt que de regarder dans leurs rétroviseurs au méchant dont personne ne sait exactement ce qu’il veut, en passant par l’agent double qui agit de manière proprement incompréhensible mais à qui tout le monde continue à faire confiance ou la clé de sécurité qui est cachée dans un endroit ridiculement difficile d’accès, sans évoquer les rencontres totalement fortuites des héros et de leurs alliés en plein Casablanca ou encore les méchants qui prévoient trente-cinq tueurs pour le même meurtre. Tom Cruise a beau expliquer, entre chaque scène d’action, pourquoi il est inévitable qu’il y ait une nouvelle démonstration de force juste après, il est à peu près le seul à comprendre réellement ce qui se passe. Ce qui, en soit, n’est pas très grave : en vertu de la convention du MacGuffin, le public est prêt à tout accepter, pourvu que ça se castagne bien comme il faut.

7 : Respect du quota de bimbos : 8/10
Etrange comédienne que Rebecca Ferguson. Sans être une beauté renversante, elle est pleine de piquant et de séduction et donne au film quelques-uns de ses plus beaux plans grâce à ses jambes de déesse et à l’élégance de ses mouvements, notamment dans la séquence à l’opéra, où elle porte une robe assez spectaculaire. Mais la véritable bimbo du film, c’est encore et toujours Tom Cruise, mis en valeur comme jamais, torse nu, en chemise, en costume, en combinaison de plongée, cheveux au vent et caetera, et qui apparaît finalement plus souvent dans le rôle de la demoiselle en détresse que sa partenaire, laquelle lui sauve la mise à plusieurs reprises.

8 : Potentiel auteurisant : 5/10
Le film est extrêmement difficile à noter de ce point de vue. Je m’explique : il y a normalement deux catégories de cinéastes, les auteurs et les faiseurs. Les auteurs racontent, ils ont une voix, un style, des centres d’intérêts qui ne sont qu’à eux, alors que les faiseurs se contentent de montrer et d’illustrer, comme si remplir un cahier des charges était leur seul objectif. Christopher McQuarrie, réalisateur de ce cinquième Mission : Impossible ne raconte pas, mais il ne montre pas non plus. Il trolle, tant est si bien que le film peut se voir comme une immense métaphore de la célèbre homosexualité refoulée (ou du moins cachée) de Tom Cruise, qu’il s’agisse de son déguisement en Anglais précieux, de son fétichisme pour les escarpins, de ses nombreux corps à corps, de son affection pour son bon copain Benji, de la scène où il escalade torse nu un pieu ou de celle où il sert de bouclier à Rebecca Hall, sans parler du sous-texte évident de la poursuite en moto : il fonce pour rattraper une femme, élimine tapageusement tous ses rivaux, mais dès qu’elle se retrouve debout, face à lui, comme offerte et sans témoin, il l’évite et la laisse partir, mordant au passage la poussière – le film se terminera d’ailleurs sans qu’ils aient échangé un seul baiser. Tom Cruise était-il conscient de ce sous-texte, lui qui est si chatouilleux sur la question et nie farouchement et avec un acharnement parfois ridicule toutes les rumeurs sur sa sexualité depuis près de trente ans ? Rien n’est moins sûr. Mais ce n’est pas le seul troll de McQuarrie, heureusement : la scène avec le Premier Ministre Anglais (et surtout sa conclusion) est un pied de nez monstrueux à la CIA, celle de la fausse capture de Tom Cruise à Cuba un grand moment de n’importe quoi et tout le reste du film est à l’avenant.

Vraisemblablement la chemise la plus moche de l'été.

9 : Cultitude des répliques : 9/10
Fort de cet esprit trollesque dont il ne se départit jamais et qui lui fait enchaîner avec aplomb les mots « Ethan Hunt vit ses dernières heures d’homme libre » avec un plan de La Havane assorti de la mention « Six mois plus tard », et dans la lignée de sa désopilante scène d’ouverture, le film ne se prend absolument jamais au sérieux. Porté par des seconds rôles au diapason (Simon Pegg en roue libre, Jeremy Renner tout en « j’dis ça, j’dis rien », Ving Rhames fidèle au poste et Alec Baldwin en sosie de luxe de Carlo Ancelotti, sourcil compris), Mission : Impossible – Rogue Nation dégage de bout en bout une énergie ludique et joyeuse, faisant fuser les répliques du tac au tac, surprenant le spectateur à plusieurs reprises et offrant certaines lignes de dialogues absolument ahurissantes (le monologue du chef de la CIA se terminant par « Hunt est la manifestation humaine du destin et il a fait de vous sa mission » en est un superbe exemple).

10 : Capacité de mutation en franchise : 9/10
Au début, Mission : Impossible n’était qu’une série télé, dont le héros s’appelant Jim Phelps. En 1996, pour sa première adaptation au cinéma (sous la houlette du plus grand cinéaste américain encore vivant, Brian De Palma), le personnage d’Ethan Hunt était créé et offert à Tom Cruise, tandis que Phelps n’était apparemment plus qu’un second couteau (avant de s’avérer, in fine, le méchant). Le deuxième opus, quatre ans plus tard, était signé par John Woo, grand maître du cinéma de Hong Kong ; le troisième, sorti en 2006, était l’œuvre de J.J. Abrams, figure de proue des séries télés cultes du début des années 2000 (on lui doit notamment Lost et Alias), et le quatrième, qui date de 2011, a été réalisé par Brad Bird, animateur star des studios Pixar. Mission : Impossible est donc une franchise ultra-établie, dotée d’un véritable univers et qui a déjà engrangé près de deux milliards et demi de dollars de recette. Mais deux dangers guettent. Le premier : qu’aux grands noms qui ont jusqu’à présent assuré la réalisation succèdent des tâcherons (McQuarrie est déjà celui qui possède le moins beau pedigree). Le second : l’âge de Tom Cruise, qui ne jouera vraisemblablement pas Ethan Hunt jusqu’à ses quatre-vingt ans. Et Mission : Impossible sans Tom Cruise, cela n’a plus grand intérêt.



Score pop-corn global : 70/100

Un excellent bilan pour le nouvel opus d’une saga qui fait depuis près de vingt ans figure de Rolls du blockbuster. Il semble en conséquence tout à fait indiqué de prévoir une grande quantité de pop-corn, de se munir au préalable d’un ou deux cure-dents histoire d’éviter d’être déconcentré par un bout de maïs coincé entre deux molaires, et d’arroser ça d’une bonne bouteille de Coca pour remercier l’Amérique de nous avoir donné Tom Cruise, la dernière légende d’Hollywood.




mercredi 19 août 2015

Blockbusteromètre : saison 1, épisode 4 - Les Fant4stiques

Josh Trank, 2015

Son plantage magistral au box-office n'était pas une raison suffisante pour que cette nouvelle aventures de Captain Fantastic, la Femme invisible, la Torche humaine et la Chose échappe à la moulinette du Blockbusteromètre. On va enfin être fixés sur ce dont sont vraiment capables ces quatre guignols en costumes.


Vu comme ça, on dirait presque un remake de L'Apiculteur...

1 : Originalité nanarde du pitch : 1/10
Enième adaptation Marvel, le film nous rejoue le coup des héros qui, suite à une exposition à la radioactivité (où tout autre phénomène approchant), se découvrent des superpouvoirs. Comme Spiderman, Hulk, Daredevil, le Dr Manhattan ou les X-Men (bien qu’il y ait controverse à leur sujet). Cette fois-ci, ils sont quatre, ce sont donc les Quatre Fantastiques, dans ce qui est déjà leur troisième transposition à l’écran en vingt ans, après un nanar en 1994, et un navet en 2005 (qui avait eu une suite deux ans plus tard). Rien de nouveau sous le soleil des superhéros, donc.

2 : Efficacité du placement de produits : 3/10
Alors que les opus de la décennie précédente s’étaient signalés par un opportunisme de tous les instants en matière publicitaire, rien de trop visible ici, hormis une citation orale d’Instagram, plutôt bien amenée, d’ailleurs. Cette sobriété est toutefois à tempérer par le fait que le film soit lui-même une gigantesque publicité pour la série de bande dessinée dont il est l’adaptation.

3 : Quotient pyrotechnique : 2/10
Pas grand-chose à se mettre sous la dent là non plus, hélas. Pire, même : le film surprend par son peu d’action. Et quand l’heure est enfin arrivée de se bagarrer (dans le cadre prometteur du champ de force d’une autre dimension), les effets spéciaux sont tellement laids et la scène tellement bâclée qu’on en ressort avec le sentiment de s’être vaguement fait avoir.

4 : Taux d’américano-centrisme : 7/10
Dommage que l’un des héros (le geek Reed Richards, futur Mister Fantastic) s’offre une escapade en Amérique latine et que sa comparse Susan Storm soit une orpheline kosovare adoptée par le bon docteur Storm, sinon, le film aurait obtenu un très joli score. Car tout le reste est évidemment américain, dans les Fant4stiques, et les laboratoires US sont évidemment (et de loin) les meilleurs du monde. Cerise sur le gâteau : la première chose que font les futurs Fantastiques, en mettant le pied dans l’autre dimension (qui engendrera leur mutation), c’est d’y planter la bannière étoilée.

5 : Charisme du méchant : 2/10
La particularité du film, c’est que durant sa plus grande partie, il n’y a pas vraiment de méchant. On croise bien un jeune scientifique désagréable avec tout le monde qui écoute du Vivaldi quand il déprime, et un chef de labo sans scrupule, mais ils ne font pas peur à grand monde. Et c’est seulement dans le dernier quart du film que Victor Van Doom se transforme en Docteur Fatalis et décide de détruire le monde. Problème : une dizaine de minutes à peine après être apparu, il est déjà vaincu, sans que personne n’ait vraiment eu le temps de trembler.

Le redoutable Dr Fatalis et sa non moins redoutable capuche.
6 : Coefficient d’incongruité scénaristique : 6/10
Dans un déroulement apparemment linéaire et sans surprise (le passage où Richards et Grimm sont enfants, voie pavée de lieux communs…), on retrouve heureusement ici et là quelques petites perles : les jeunes héros qui se retrouvent complètement ivres après avoir bu quelques gouttes d’alcool seulement, le rôle complètement bancal tenu par Susan Storm lors de leur premier aller-retour dans l’autre dimension, les relations entre personnages complètement décousues, et surtout, le point d’orgue que constitue l’arrivée gratuite du méchant et sa destruction immédiate – et c’est déjà fini. Sans parler du casting, intégralement composé de comédiens largement trop vieux pour leurs rôles.

7 : Respect du quota de bimbos : 4/10
Kate a beau être l’aînée des sœurs Mara, elle n’en est pas moins dans l’ombre de sa cadette Rooney, et il est difficile pour le spectateur en manque de dessous sexy de réprimer un soupir de déception en s’apercevant que le film a choisi la mauvaise frangine (c’est un peu comme être invité à une soirée où on annonce Cohn-Bendit et voir débouler Gabriel au lieu de Daniel). La jeune femme a certes un joli minois, la question n’est pas là, mais elle a dû mal à assumer sur ses seules épaules le versant « charme » du film, surtout que toutes les pistes de romances sont évacuées sitôt évoquées et que les occasions pour elle de se mettre en valeur sont à peu près inexistantes.

8 : Potentiel auteurisant : 8/10
Josh Trank n’est pas n’importe qui. Âgé de seulement 31 ans, il a derrière lui un premier film, Chronicle, qui a profondément divisé la critique – il y était déjà question d’ados qui se découvrent des pouvoirs, preuve que le jeune homme a un univers assez cohérent. Ce qu’on raconte du tournage des Fant4stiques (qui aurait été émaillé d’un bout à l’autre de querelles incessantes entre Trank et ses producteurs, lesquels auraient ensuite massacré le film au montage) et l’approche du film, centré sur ces personnages plus que sur le spectaculaire, laisse entrevoir un cinéaste doté d’une forte personnalité et d’une patte certaine, mais qui n’a pas été capable de s’imposer face au rouleau-compresseur que peut être Hollywood. Espérons pour lui qu’il rebondisse vite et qu’il continue à creuser cette veine ado et mutante avec davantage de succès la prochaine fois. Sans producteur casse-couille pour l’empêcher de laisser libre court à ses envies de grand récit.

Avec deux câbles et le cruciforme que lui a donné son pote, Mister Fantastic se balade où il veut.
9 : Cultitude des répliques : 2/10
On ne va pas se mentir, Les Fant4stiques est à peu près totalement dépourvu du moindre humour et meublé de quelques répliques qu’on sent destinées à devenir mythiques mais qui tombent complètement à plat (« Docteur, vous misez gros sur ces gamins. Je ne mise pas gros, je mise tout. » ou bien « De quoi avez-vous besoin pour le retrouver ? De musique. »), tant elles sont débitées avec premier degré. Pas grand-chose à retenir, donc.

10 : Capacité de mutation en franchise : 4/10
De quoi être partagé. Car d’un côté, Les Fant4stiques fait partie de l’immense catalogue Marvel, qui phagocyte l’industrie du blockbuster depuis six ou sept ans maintenant, et donc il y a fort à parier que ce film est censé n’être qu’un jalon parmi tant d’autres de la transposition des célèbres superhéros  sur grand écran. Mais de l’autre, contrairement aux aventures d’Iron-Man, Hulk, Thor ou Captain America, produites par Disney, la destinée des Quatre Fantastiques est entre les mains de la Fox, et il paraît donc compliqué pour Mister Fantastic et ses copains de rejoindre rapidement les autres stars des comics dans leurs aventures consanguines. Pour ne rien arranger, le film a fait un flop retentissant au box-office, réalisant l’un des pires scores de l’histoire pour un film de superhéros. Alors si on devait miser, on imaginerait bien la Fox vendre les droits à Disney, et la firme de Mickey entreprendre un troisième reboot en quinze ans très prochainement, pour enfin intégrer les Quatre Fantastiques à son écurie. Soit exactement ce qui est en train de se produire pour Spiderman.



Score pop-corn global : 39/100

Tout petit score, qui confirme que si le public n’a pas toujours raison, loin de là, il n’a cette fois pas eu tort de bouder cette énième aventure de superhéros. Essayer d’obtenir les pop-corn les plus grillés possibles, afin qu’ils croustillent en faisant un maximum de bruit, et arroser ça d’un jus d’orange plein de vitamine C. Bref, mettre toutes les chances de son côté pour être certain de rester réveillé jusqu’au bout du film.



mercredi 12 août 2015

Blockbusteromètre : saison 1, épisode 3 - Pixels

(Chris Columbus, 2015)

Avec ses 88 millions de dollars de budget de production, Pixels ne pouvait pas échapper à la moulinette du Blockbusteromètre. L’occasion de voir ce que vaut vraiment l’association d’Adam Sandler, Peter Dinklage et Pac-Man.

Au bout d'une heure de film, ce genre d'image ne surprend plus personne.

1 : Originalité nanarde du pitch : 10/10
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Pixels tape très, très fort. Jugez plutôt : suite à un quiproquo né de l'envoi dans l'espace, en 1982, d'une cassette vidéo, des extraterrestres ayant pris l’apparence de créatures de jeux d'arcade des années 80 décident d’attaquer la terre. Pour faire face à la menace, le président des Etats-Unis, ancien ringard de première, décide de demander les services de son meilleur ami d’enfance, un ado attardé devenu réparateur de matériel hi-fi et toujours passionné par les jeux vidéo de sa jeunesse. Qui dit mieux ?

2 : Efficacité du placement de produits : 10/10
Les producteurs du film auraient décidé de faire une publicité d’une heure quarante pour Nintendo qu’ils ne s’y seraient pas mieux pris. Donkey Kong est ainsi, selon le terme consacré, le boss de fin du film. Mais les autres développeurs mythiques de jeu vidéo que sont Sega ou Namco sont également cités au travers de jeux aussi mythiques que Pac-man (dont le créateur apparaît même à l'écran le temps d'une courte scène) ou Space Invaders. Ce qui n’est pas un mince exploit, sachant que le film est produit par Sony, autre géant du jeu vidéo (à qui l’on doit notamment la console Playstation) qui s’est récemment diversifié en se mettant également au cinéma.

3 : Quotient pyrotechnique : 8/10
Ne faisons pas la fine bouche : non seulement Pixels envoie pas mal d’adrénaline, mais en plus, loin d’être répétitif en terme d’action, il effectue différentes figures. On a ainsi droit aux scènes basiques mais ô combien attendues que sont les fusillades avec des armes du futur, les poursuites en voiture ou les destructions de monuments connus, mais également à un vrai moment de bravoure que constitue la séquence finale où les héros disputent une partie de Donkey Kong grandeur nature. Loin d’être un frein, l’esthétique pleine de pixels des effets spéciaux ajoute de l’étrangeté à ces passages obligés. La 3D, en revanche, apparaît comme totalement inutile.

Pour affronter les extraterrestres, cette fois-ci, on n'a pas droit à l'armée américaine, mais à une armée mexicaine.


4 : Taux d’américano-centrisme : 6/10
Le ton est donné dès le début : l’un des personnages principaux du film est président des Etats-Unis. En conséquence, tous les héros sont américains, et pour sauver la planète, il ne sera pas question de compter sur les Russes ou les Chinois, pas même évoqués. Non, l’Amérique doit assumer seule le devenir de la Terre. Mais hélas, le film s’autorise deux incursions à l’étranger, et malgré les efforts déployés rayon clichés (l’Inde réduite au Taj Mahal et à la naïveté enfantine d’une demande en mariage, l’Angleterre où tout le monde parle d’une façon hyperdatée), échoue dans sa tentative de réduire le monde au seul pays de l’oncle Sam.

5 : Charisme du méchant : 2/10
Le parti pris du film est de ne pas montrer les extraterrestres sous leur forme d’origine mais seulement sous leurs incarnations que sont les personnages de jeux vidéo se confrontant aux héros et quelques emblèmes des années 80 figurant sur la cassette envoyée dans l’espace (Reagan, JR de Dallas, Madonna). Pas d’antagoniste mémorable dont la simple pensée empêche de fermer l’œil la nuit, donc, malgré les efforts déployés par ce brave Donkey Kong. Cela aurait pu valoir un 3/10, mais le film perd un point supplémentaire puisqu’il emploie Sean Bean, vieux routard des rôles de méchants à Hollywood, dans un emploi de personnage bourru mais finalement gentil – et, double crime de lèse-majesté, qu’il ne le tue même pas à la fin, contrairement à la coutume.

6 : Coefficient d’incongruité scénaristique : 4/10
Une fois le postulat de base du film accepté, plus rien n’étonne. Dans ces conditions, pas difficile d’accepter que la mère célibataire visitée par Adam Sandler au début du film s’avère l’une des plus proches conseillères militaires de son pote président. Pas difficile non plus de tolérer que les seuls experts des jeux vidéo consultés par le président soient les ringards avec qui il a passé son adolescence. Pire : ces énormes ficelles (et un certain nombre d'autres) passent complètement inaperçues.

S'aimer, c'est regarder ensemble dans la même direction.
7 : Respect du quota de bimbos : 8/10
Avec ses héros losers et tous plus ou moins bedonnants, pas évident pour le film de réveiller la libido de ses spectateurs entre deux parties de Pac Man de l’espace. Heureusement, Pixels a la bonne idée de ramener sur le devant de la scène Michelle Monaghan, comédienne au physique atypique, vue notamment dans Kiss Kiss Bang Bang, le troisième volet de Mission Impossible ou encore dans la série True Detective, pour servir d’atout charme au film. Et au cas où ça ne suffit pas, le film voit l’irruption totalement gratuite d’Ashley Benson dans un rôle d’alien ayant pris l’apparence d’une incarnation de l’héroïne de jeu Lady Lisa. Sans parler de l’apparition surprise de Serena Williams, dans son propre rôle.

8 : Potentiel auteurisant : 5/10
Se pencher sur la filmographie du réalisateur Chris Columbus, c’est être confronté à une liste de navets tellement longue qu’elle en devient presque une litanie - très étonnant, du coup, de le retrouver aux manettes (c'est le cas de le dire) d'une réussite telle que Pixels. Mais il y a bien une constante : son goût pour l’enfance, qu’il avait exprimé très tôt en réalisant Maman j’ai raté l’avion et dont les deux premiers opus de la saga Harry Potter avaient marqué l’apogée. Ici, les personnages sont adultes, certes, mais ont conservé en eux une immaturité totale qui en fait les dignes héritiers des héros des précédents films de Columbus.

9 : Cultitude des répliques : 8/10
On rit beaucoup, dans Pixels, tant le film semble ne jamais se prendre vraiment au sérieux. Servis par des acteurs ayant quelques beaux faits d’armes dans la comédie, tel Adam Sandler (Funny people, Rien que pour vos cheveux, Punch drunk love) ou Kevin James (Hitch, expert en séduction) et par l’une des plus grandes stars du moment, le génial Peter Dinklage (Tyrion Lannister dans Game of thrones), les dialogues font souvent mouche. Une réplique, véritable petit bijou, mérite particulièrement d’être retenue tant elle symbolise à elle-seule 25 ans d’Internet, de complotisme et de culture geek : « J’ai revu les images de son assassinat, c’est Kennedy qui a tiré le premier. »

10 : Capacité de mutation en franchise : 3/10
Un Pixels 2 ? Sur le papier, pourquoi pas, tant ce premier opus est divertissant et tant il y a matière à piocher dans les catalogues de jeux vidéo des premières années (après les eighties dans ce film, on pourrait imaginer retrouver quelques grandes figures de la décennie suivante dans la suite, comme Lara Croft ou Mario). Mais il y a un bémol majeur : le flop magistral du film au box-office. Avec des résultats si décevants en termes d’entrées, aucun producteur ne voudra financer une suite. Ne soyons cependant pas trop pessimiste : dans 15 ans, au gré des rediffusions et des locations, Pixels aura peut-être gagné ses galons de film culte. Et là, tout redeviendra possible.


Score pop-corn global : 64/100

Très bon total pour ce film qui offre à peu près tout ce qu’un blockbuster peut offrir à ses spectateurs. Ne pas hésiter à prendre du pop-corn en quantité importante, on en a envie d’un bout à l’autre, mais attention : le versant comique du film peut provoquer des éclats de rires impromptus, qui sont autant d’occasions de s’étrangler avec un grain de maïs. Prévoir donc une boisson pour faciliter le mécanisme de déglutition, de préférence non-gazeuse (un Ice tea semble parfaitement indiqué).



samedi 8 août 2015

Blockbusteromètre : saison 1, épisode 2 - Jurassic World

Colin Trevorrow, 2015

Au tour du reboot de la saga historique Jurassic Park de passer à la moulinette du Blockbusteromètre. Histoire de voir qui, entre le film et ses dinos, est le plus préhistorique des deux.


Eeeeentre icii, Jeaaaan Mouliiin...


1 : Originalité nanarde du pitch : 4/10
Jurassic World est une suite de Jurassic Park 1, 2 et 3, avec, comme son nom l’indique, une légère touche d’innovation : au lieu d’en reprendre les personnages, elle en reprend l’univers. Soit l’idée d’un parc d’attraction qui serait un zoo pour dinosaures recréés grâce à la génétique. C’est dans ce cadre qu’évoluent les principaux personnages : deux jeunes frères venus passer quelques temps chez leur tante, une importante dirigeante du parc, ladite tante, et un ex de celle-ci, ancien Marine devenu dresseur de velociraptors. Et évidemment, les choses vont mal tourner.


2 : Efficacité du placement de produits : 3/10
Pas grand-chose à se mettre sous la dent pour les fans transis de Culture Pub, hélas. On notera quand même que le parc semble avoir un partenariat avec la firme automobile allemande Mercedes, comme en témoignent les véhicules utilisés dans le film, mais c’est à peu près tout, à part un bref insert sur un smartphone Samsung en train de sonner. Mais les logos des deux marques concernés ne sont pas du tout mis en valeur, et on a du mal à imaginer que les annonceurs aient dépensé une fortune pour apparaître dans le film. On se serait attendu à mieux.


3 : Quotient pyrotechnique : 5/10
C’est sans aucun doute le point fort du film : de bons effets spéciaux, qui font qu’on ne doute jamais de la réalité des dinosaures présentés à l’écran. Néanmoins, rien à voir avec la révolution qu’avait en son temps été le premier Jurassic Park. Et une fois l’émerveillement de retrouver les grosses bêtes passé, on reste clairement sur notre faim au niveau des scènes d’action. L’attaque des ptérodactyles ne fait pas assez de dégâts, les velociraptors jouent les utilités, et le moment le plus impressionnant du film (l’irruption du gros reptile marin) est dévoilé dès la bande annonce.


4 : Taux d’américano-centrisme : 5/10
Jurassic World se passe sur une île au large du Costa-Rica. Le parc appartient à un milliardaire visiblement d’origine orientale (l’acteur qui l’interprète est indien). Et Omar Sy fait partie de la distribution. Trois éléments rédhibitoires. Heureusement, dans le parc, tout le monde parle anglais. Non moins heureusement, les quatre héros sont tous américains. De quoi arracher in extremis la moyenne.

On a récemment appris que les dinosaures portaient des plumes, mais il semblerait que
les producteurs du film n'aient pas tellement adhéré à cette idée.


5 : Charisme du méchant : 6/10
Il n’y a pas, dans Jurassic World, de méchant à proprement parler. Misant plutôt sur l’accumulation d’antagonistes, et donc privilégiant la quantité à la qualité le film propose quelques personnages véreux et sans scrupule (le petit chef incarné par Vincent D’Onofrio) et une grande collection de monstres : un dinosaure aquatique géant qui fait office de deus ex machina, une nuée de ptérodactyles totalement sous-exploitée (alors qu’ils étaient la seule qualité du médiocre troisième opus de la saga), les traditionnels velociraptor (alliés ou ennemis des héros au gré des circonstances), l’inaltérable T-rex (qu’il réduit aux utilités) et un hybride génétiquement modifié, l’Indominus Rex (qu’il présente comme imbattable avant de lui faire connaître une fin minable). On voit bien, dans ce catalogue, la volonté de rendre hommage à l’inventaire préhistorique qu’avait constitué le premier Jurassic Park tout en y ajoutant un supercolosse (l’Indominus Rex). L’effet créé est plutôt celui d’une neutralisation des reptiles - le film ne raconte d’ailleurs pas autre chose.


6 : Coefficient d’incongruité scénaristique : 9/10
Voici un domaine où le film tape très fort. L’amourette entre Chris Pratt et Bryce Dallas Howard n’est crédible à absolument aucun moment, les gamins sont horripilants au possible (le teenager blasé accro à son portable et son petit frère de douze ans qui se conduit comme s’il en avait huit), le combat final se termine littéralement en queue de poisson, le joyeux épisode du lâcher de ptérodactyles n’est même pas conclu (une ahurissante coupe de montage nous fait passer du cœur de leur attaque à « la nuit venue, à plusieurs kilomètres de là » sans qu’on y revienne une seule fois), le héros, bien qu’il rate tout ce qu’il tente dès que les choses se mettent à se corser, est l’objet d’une admiration croissante de la part de tout le monde… C’est un quasi sans faute.


7 : Respect du quota de bimbos : 3/10
Ne nous méprenons pas. Bryce Dallas Howard, qui interprète le seul vrai rôle féminin du film est une excellente actrice (vue notamment dans Le Village de M. Night Shyamalan, Manderlay de Lars von Trier et Spiderman 3 de Sam Raimi) doublée d’une très belle femme, trop souvent injustement réduite à un statut de vague sosie de Jessica Chastain. Mais hélas pour elle, ça faisait plus de quinze ans qu’on n'avait pas vu une comédienne aussi mal sapée dans un blockbuster américain. Affublée d’une robe blanche qui se montre de bout en bout un défi à la logique, elle tente bien de sauver ce qui peut encore l’être au cours d’une scène où l’on ironise sur ses talons, et arrache ainsi trois petits points. Aidée par personne, c’était dur de faire mieux.


8 : Potentiel auteurisant : 3/10
Le réalisateur, Colin Trevorrow, n’a que trente-huit ans, et Jurassic World  n’est que son deuxième long-métrage pour le cinéma. Il est donc ardu d’émettre des pronostics quant à son avenir et à sa personnalité, d’autant que le pauvre se retrouve très vite écrasé par un cahier des charges monumental et le poids de succéder à Steven Spielberg (auteur des deux premiers films de la saga) auquel il se sent obligé de multiplier les références. On ne saurait que trop lui conseiller des projets moins démesurés à l’avenir.

Un poule et un couteau.

9 : Cultitude des répliques : 2/10
Pas grand-chose à se mettre sous la dent, on est vraiment très loin du Jurassic Park originel, qui multipliait les scènes mythiques et les dialogues passés à la postérité. Quelques tentatives d’humour un peu timides (dans une opération commando censée rétablir la situation suite à l’évasion de l’Indominus Rex, le propriétaire du parc lance à son escorte composée d’anciens de l’Afghanistan « Vous avez déjà vu votre général partir à l’assaut avec vous ? » cinq secondes avant de s’écraser en hélicoptère sur la serre aux ptérodactyles) et beaucoup de comique involontaire. Vraiment faible, surtout pour un film qui avait la possibilité de nous offrir un éclat de rire d’Omar Sy.


10 : Capacité de mutation en franchise : 9/10
Ne nous mentons pas : avec l’empire sur lequel il se dresse en tant qu’héritier d’une trilogie qui a ramassé une fortune, et son ahurissant succès au box-office mondial où il a déjà engrangé près d'un milliard et demi de dollars, Jurassic World a de sérieuses chances d’avoir vite quelques petits frères.



Score pop-corn global : 49/100

Juste en-dessous de la moyenne, on peut considérer Jurassic World comme repêchable à condition de ne pas avoir placé trop d’attentes dans ce reboot d’une saga riche de millions de fans. Prévoir un large seau de pop corn à partager avec son voisin, car le film se prête assez bien au jeu des commentaires en direct, et arroser ça de préférence avec du Finley (boisson pour laquelle Omar Sy fait de la retape). En cas d’absence de Finley, encore peu répandu dans les cinémas, se rabattre sur de l’Oasis.




jeudi 6 août 2015

Blockbusteromètre : saison 1, épisode 1 - Terminator Genisys

Alan Taylor, 2015.

Première superproduction à passer à la moulinette du Blockbusteromètre cette année. On va enfin savoir ce que les robots ont dans le bide.

To be or not to be.

1 : Originalité nanarde du pitch : 5/10
Dans ce cinquième film de la saga Terminator, le leader de la rébellion contre les machines, John Connor, envoie son bras droit dans le passé pour sauver sa mère mais évidemment, les machines ne l’entendent pas. Robots tueurs, voyages temporels, on est en plein dans l’univers créé par James Cameron en 1984. Rien de franchement nouveau sous le soleil, même si on est toujours content de retrouver ces thèmes improbables.

2 : Efficacité du placement de produits : 6/10
Avec une intrigue comme celle de Genesys, pas évident de mettre de la réclame sur la pellicule. Heureusement, les producteurs ont consciencieusement épluché les quatre volets précédents, et ont se sont aperçu que les voyages dans le temps ne pouvaient se faire qu’intégralement nu. L’occasion pour Kyle Reese, envoyé en 1984, de piquer une paire de Nike au détour d’une course-poursuite.

3 : Quotient pyrotechnique : 4/10
On ne va pas se mentir, ça castagne à tout va dans ce dernier Terminator.  Mais quitte à faire dans la franchise, autant reconnaître qu’Alan Taylor, le réalisateur, venu de la télé, n’est pas un expert dans l’art de chorégraphier des scènes à grand spectacle. Les effets spéciaux n’ont rien d’exceptionnel, et s’il y a, en termes de quantité, une dose estimable de cascades, poursuites et autres destructions, le film ne fait pas non plus exploser la jauge boum-boum, au point même de pâtir de la comparaison avec les premiers épisodes de la saga, qui datent pourtant d’il y a 31 et 24 ans. On peut même regretter que la séquence du pont ne remplisse que 20% de son potentiel, tant il y avait matière à en tirer une scène époustouflante.

4 : Taux d’américano-centrisme : 8/10
L’humanité est en danger ? Pas de souci, tout se règlera en Californie. Un acteur coréen fait bien un peu de figuration dans le premier quart du film, mais c’est évidemment dans un rôle de méchant. Pour le reste, les décors, la langue utilisée pour s’exprimer, le passeport de l’élu, les mentalités, c’est clair : on est bien aux Etats-Unis. Et sans aucune intention d’en partir.

Kyle Reese irait plus vite avec des Nike.

5 : Charisme du méchant : 4/10
Faire de John Connor, le héros historique de la saga, le méchant-surprise de ce film au gré d’une farce de l’espace-temps était sur le papier une idée prometteuse. Mais malgré ses cicatrices, son sourire machiavélique et son invulnérabilité apparente, Jason Clarke, qui interprète le rôle, ne fait pas peur à grand monde. L’autre méchant du film, le superprogramme Genisys donne carrément plutôt envie de se marrer, avec ses pixels bleus et sa voix stupide. Bref, le T-800 du premier opus et surtout le T-1000 du deuxième volet restent indétrônés.

6 : Coefficient d’incongruité scénaristique : 4/10
A partir du moment où il y a des voyages temporels, c’est bien connu, les scénaristes peuvent à peu près tout se permettre, certains qu’ils sont que les spectateurs déjà bien content de s’y retrouver n’iront pas chercher la petite bête. Rien d’apparemment trop grossier dans Terminator Genisys, même si l’effet éculé au possible de la fausse mort de Schwarzenegger à la fin du film mérite une belle mention.

7 : Respect du quota de bimbos : 5/10
Genisys a obtenu une belle prise en guerre en la personne d’Emilia Clarke, la Daenerys Targaryen de la série Game of Thrones, starlette particulièrement en vue depuis quatre ans et ici choisie pour interpréter la mythique Sarah Connor. Mais depuis ses multiples exhibitions dans le show d’HBO, la jeune femme exige de ne plus se dévoiler face caméra, et, en conséquence, apparaît cadrée à hauteur d’épaule dans la brève scène de nu qu’elle a à jouer. Endossant le rôle d’une guerrière, elle échappe également au maquillage et aux talons aiguilles, ce qui fait encore baisser un peu plus la note. Heureusement, son partenaire Jai Courtney, torse nu ou en marcel, tous muscles dehors, comble le quota des amatrices et amateurs de colosses bodybuildés.

Daenerys Targaryen brune, habillée et sans ses dragons. Incognito, quoi.

8 : Potentiel auteurisant : 2/10
Pas grand-chose à tirer de ce côté-ci non plus. Bien calibré, filmé de façon totalement impersonnelle, sans questionnement particulier ni volonté de dépasser son sujet, le film pourrait avoir été réalisé par n’importe qui. D’ailleurs, Alan Taylor et n’importe qui, n’est-ce pas au fond un peu la même chose ?

9 : Cultitude des répliques : 5/10
Au milieu d’un sacré paquet de dialogues pontifiants sur la nécessité de sauver l’humanité, Terminator Genisys réussit malgré tout à sauvegarder une certaine dérision, qui passe principalement par le personnage de Schwarzenegger, objet de multiples vannes sur son âge (Sarah Connor l’appelle « Papy ») et sa non-humanité supposée (on voit ainsi à plusieurs reprise l’acteur, qui interprète un robot T-800, s’essayer à des mimiques vaguement censées évoquer un sourire). La réplique phare du film résume bien cet état d’esprit et résonne comme un programme : « Vieux, mais pas obsolète » déclare le robot à propos de lui-même. Et derrière lui, c’est Arnold Schwarzenegger, 68 ans au compteur, qui semble s’exprimer.

10 : Capacité de mutation en franchise : 10/10
Difficile de faire plus fort que Terminator Genisys de ce point de vue. Cinquième épisode se voulant le nouveau départ d’une franchise déjà adaptée en série télé, en bande dessinée, en jeu vidéo et même en logiciel d’échecs, le film peut prétendre engendrer encore un certain nombre de petits frères avant que le filon soit épuisé. Surtout si on considère que le procédé du voyage temporel permet d’effacer tous les acquis d’un film sur l’autre, et donc, en définitive, de raconter en douce toujours la même histoire.


Score pop-corn global : 53/100

Dans la moyenne, c’est-à-dire visible, mais vraiment pas indispensable et vraisemblablement vite oublié. Le blockbuster lambda, ni plus, ni moins. Pas la peine de prendre trop de pop-corn, le rythme n'est jamais assez frénétique pour que la consommation devienne compulsive. Par contre, prévoir une boisson, de préférence gazeuse - le 7up semble parfaitement indiqué.



mardi 4 août 2015

Les blockbusters de l'été au banc d'essai : Préambule

L'été arrive, le cours du pop-corn remonte.

L’été (en acceptant que celui-ci commence début juin et non aux alentours du 21 de ce sixième mois de l’année) est traditionnellement, au cinéma, la période de sortie des principaux blockbusters. Un blockbuster, qu’est-ce que c’est ? C’est, selon la définition la plus stricte du terme, un film, généralement américain, à gros budget et gros revenus, qui ne brille pas particulièrement par la finesse de son scénario ni par la qualité de sa réalisation, mais par le nombre de ses scènes d’actions ainsi que par les moyens qui y sont déployés, par le matraquage médiatique intense qui précède sa sortie et par le nombre impressionnant d’entrées en salles effectué par ces films.

Pourquoi ces films sortent-ils principalement l’été ? Pour tout un tas de raisons mercantiles, qui peuvent toutes être résumées en une seule : parce que les gens sont en vacances. Ainsi, en vacances, les gens ont plus de temps libre et donc plus d’opportunités d’aller au cinéma. Ainsi, en vacances, les gens partent souvent loin des zones dites culturellement plus à la pointe, privilégiant le balnéaire au culturel, et, faute de cinémas d’art et d’essai, vont se rabattre plus volontiers sur un complexe multisalle. Ainsi, en vacances, les gens vont se retrouver plus facilement en groupe, et le dénominateur commun le plus bas étant souvent l’envie de « ne pas se prendre la tête », ils se tourneront plus facilement vers le film le plus bas de plafond, avec lequel tout le monde sait à quoi s’attendre. On pourrait même ajouter que le peu d’importance accordé aux dialogues dans les blockbusters rend parfaitement possible de les voir dans un pays étranger et dans une langue étrangère, tant ce qui s’y dit n’a que peu d’importance par rapport à ce qu’on y voit.

Mais est-ce à dire que les blockbusters sont tous des films débiles et décérébrés ? Les choses sont un petit peu plus compliquées que ça. Disons que comme tout genre cinématographique, le blockbuster a vu passer quelques chefs d’œuvres, y compris récemment. A titre d’exemple, le premier film vraiment considéré comme un blockbuster, à savoir Les Dents de la mer, de Steven Spielberg (1975) est inventif, bourré de qualités, et a su résister au temps, pour devenir, quarante ans après sa sortie, un véritable classique. Mais dans leur volonté de plaire au plus grand nombre (et surtout, d’être vus par le plus grand nombre), il est vrai que la plupart des blockbusters sont loin de taper aussi haut. Ce qui n’empêche pas, au milieu d’un certain marasme, d’assister à de belles surprises.

Les Dents de la mer, ou comment couper à tout le monde l'envie d'aller à la plage.
J’ai entrepris de visionner tous les blockbusters de cet été 2015. L’idée est de pouvoir ainsi les confronter, et de savoir lequel est LE blockbuster ultime de ces grandes vacances. Attention, il ne s’agit pas de définir le meilleur de ces films, non (et donc pas non plus d’en faire de vraies critiques), mais d’établir, de façon parfaitement objective, lequel correspond le mieux au stéréotype du blockbuster hollywoodien tel qu’on le connait depuis le milieu des années 70. Pour ce faire, chacun des films visionnés sera noté sur 10 critères. Ces critères, les voici. 


1 : Originalité nanarde du pitch : Un blockbuster, c’est avant tout un pitch, c’est-à-dire un argument de départ résumable en deux ou trois phrases. Evidemment, le véritable but d’un blockbuster étant d’accumuler les scènes d’action, le scénario (et donc le pitch) n’est généralement qu’un prétexte, et par conséquent, tout y semble permis, y compris les idées que toute personne sensée rejetterait d’un revers de main en s’exclamant « mais c’est complètement con ! ». Plus l’idée de départ est bête, plus le blockbuster s’annonce excitant.

Le maître en la matière : Abraham Lincoln, chasseur de vampires (Timur Bekmambekov, 2012) En termes de pitch à la con, ce film est assez difficilement prenable. Il présente même l’avantage de présenter son programme dès son titre : oui, il s’agit bien des aventures de l’ancien président américain, aux prises avec des vampires au cours de ce qui est présenté comme une aventure de jeunesse d’Abraham Lincoln.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Cloud Atlas (Andy et Lana Wachowski, 2013) Impossible à résumer, ce film choral se déroulant à six époques différentes a sans doute cru qu’on pouvait impunément prendre les spectateurs pour des gens intelligents, et forcément, massivement jugé incompréhensible, il a fait un four.



2 : Efficacité du placement de produits : Les blockbusters coûtent très cher, c’est un fait, et donc ils se doivent de rentabiliser au mieux leurs pharaoniques dépenses. Une méthode a fait ses preuves : conclure un partenariat avec différentes marques en faisant figurer, moyennement un petit geste financier, des produits dans le film, lequel prend alors des airs de publicité déguisée (un gros plan sur le sigle de la voiture du héros, un insert sur ses baskets neuves…), ce qui a le don d’exaspérer le spectateur un peu tatillon. C’est ainsi que Coca, Apple et leurs copains se sont petit à petit immiscés dans les salles obscures, jusqu’à devenir d’incontournables compagnons de pop-corn.

La scène la plus mémorable de I, Robot. Ce qui en dit long sur la qualité du film.
Le maître en la matière : I, Robot (Alex Proyas, 2004) A peu près oublié par tout le monde depuis sa sortie (il avait marqué le début de la fin pour son réalisateur Alex Proyas auquel beaucoup avaient imaginé un avenir prometteur à ses débuts), ce film a en revanche marqué une nouvelle étape dans le placement produit : Audi, JVC et surtout Converse se taillent la part du lion, au point de voler la vedette à un Will Smith qu’on a connu plus inspiré.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Pirates de Caraïbes (Gore Verbinski, 2003) Evidemment, c’est pas simple de glisser discrètement des publicités pour des produits de notre époque dans un film censé se dérouler au XVIIIème siècle. On a bien eu droit à un début de polémique à propos d’un bonnet porté par Johnny Depp et qui serait de fabrication Adidas, mais c’est tout.



3 : Quotient pyrotechnique : Un bon blockbuster, c’est avant tout une orgie de scènes d’actions. Et qui dit scène d’action dit forcément castagne à gogo, poursuites en voitures et explosions en tous genres, avec, si possible, la destruction de quelques monuments connus pour agrémenter le tout. Le but avoué est d’en mettre plein la vue au spectateur, et que celui-ci rentre chez lui en ayant l’impression d’en avoir eu pour son argent, de façon à ce qu’il ne s’interroge pas tellement sur le reste du contenu du film.

Le maître en la matière : Rock (Michael Bay, 1996) Michael Bay est notoirement connu depuis ses débuts à Hollywood pour être un dangereux pyromane jamais avare d’une explosion et déterminé à réduire en miettes le moindre élément de décor qu’on met à sa disposition. Ici, les scènes d’actions s’enchainent à une vitesse telle que si le film avait duré ne serait-ce que cinq minutes de plus, c’est vraisemblablement toute l’équipe de tournage qui y serait passée.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Spiderman (Sam Raimi, 2002) Désireux de voir grand pour la première adaptation ciné des aventures de l’homme-araignée, Sam Raimi avait concocté une scène d’action finale monumentale, où Peter Parker tissait sa toile entre les deux tours du World Trade Center. Pas de chance, le 11 septembre est passé par là, et il a fallu prévoir un plan B pour ne pas remuer le poignard dans la plaie.



4 : Taux d’américano-centrisme : Les blockbusters sont des films américains avant tout. Les Etats-Unis se doivent donc d’y être au centre du monde, quand ils ne sont pas le monde à eux tous seuls. Des extraterrestres débarquent ? Ils choisissent le Nevada ou le Wyoming, voire carrément Washington. Un fou muni d’armes surpuissantes menace la planète ? Il s’attaque au Pays de la Liberté. Et quand les étrangers y apparaissent, ils se doivent d’y être les plus caricaturaux possible : les Anglais boivent du thé, la France se résume à la Tour Eiffel et l’Amérique du Sud est une vaste zone de non-droit, sans parler de la Russie, qui malgré les branlées qu’elle se prend film après film, persiste à vouloir attaquer les Etats-Unis. Et bien sûr, tout le monde parle anglais partout.

Dans Independence Day, les Martiens ne s'en prennent pas à n'importe qui.
Le maître en la matière : The Patriot (Roland Emmerich, 2000) Tout est dans le titre, une fois de plus. Prenant pour cadre la guerre d’indépendance des Etats-Unis et pour héros le toujours très modéré Mel Gibson, ce nanar de classe mondiale dresse involontairement un grand inventaire de tous les clichés américains.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Starship troopers (Paul Verhoeven, 1998) Contrairement à beaucoup de ses collègues, Paul Verhoeven est loin d’être un imbécile et son film porte de bout en bout un regard critique sur l’extension à la planète entière du mode de vie américain. Ce qui n’empêcha pas certains esprits obtus de l’accuser de fascisme à la sortie de ce qui est sans contestation possible l'un des plus grands chefs d'oeuvres des années 90.



5 : Charisme du méchant : Scénaristiquement, un blockbuster se construit toujours autour d’un affrontement, qui est généralement celui du héros et du méchant. Prenant à la lettre le précepte d’Alfred Hitchcock (qui tel Monsieur Jourdain faisait du blockbuster sans le savoir) selon lequel plus le méchant est réussi, plus le film sera bon, les productions hollywoodiennes à grand spectacle ont toujours accordé la place du roi à l’ennemi du héros – quitte à rendre celui-ci parfois très fade en retour. Ce qui oblige à être le plus exigeant possible en ce qui concerne ce personnage-clé.

Le maître en la matière : La Guerre des étoiles (George Lucas, 1977) Oui, il y a les sabres lasers, oui, il y a la musique de John Williams, oui, il y a la création de tout un univers. Mais la pierre angulaire du succès de Star Wars, c’est Dark Vador, tout le monde le sait. C’est-à-dire le méchant le plus mythique de l’histoire du cinéma, encore plus que Nosferatu, Michael Corleone, Hal et Freddy Krueger.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Batman et Robin (1997, Joel Schumacher) Au sein d’un casting à la dérive, Arnold Schwarzenegger en Mr Freeze réussit à remporter la palme du grotesque dans ce qui est sans doute son pire rôle. Recouvert d’une impressionnante couche de peinture argentée, il cabotine en permanence. Pour ne rien arranger, il ne meurt même pas à la fin du film.

Et voilà comment on devient gouverneur de Californie.


6 : Coefficient d’incongruité scénaristique : Un blockbuster étant jugé avant tout sur ses scènes d’action, tout ce qu’on trouve immanquablement entre une poursuite et une bagarre est plus ou moins du remplissage, uniquement là pour justifier les explosions qu’on verra ensuite. Ce qui oblige généralement les scénaristiques à un paquet de contorsions pour pouvoir relier les scènes entre elles, quitte à enfiler les incohérences comme on enfile les perles. Si sur le moment, le public n’y prête pas forcément attention, ces détails se retrouvent souvent au centre de grandes controverses entre fans.

Le maître en la matière : Rambo 3 (Peter McDonald, 1988) Astuce prisée par les scénaristes pour ne pas avoir à s’embêter : faire du héros du film un semi-débile plus prompt à tirer sur tout ce qui bouge qu’à utiliser ses neurones. Ça permet de justifier des scènes d’action plus ou moins n’importe quand et ça aide aussi à trimballer le protagoniste de gauche à droite sans s’emmerder à y trouver la moindre logique. 

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Mad Max Fury Road (George Miller, 2015) Pour éviter l’écueil tant redouté d’un scénario incohérent, George Miller a de son côté recours à un procédé visionnaire : il supprime le scénario. Résultat : deux heures d’orgie de mise en scène. Un coup de maître.


7 : Respect du quota de bimbos : Le public de blockbuster est beauf, ou du moins considéré comme tel par les producteurs. Pour lui envoyer du rêve à bas prix, rien de tel que de lui faire contempler des gens beaux, et si Brad Pitt, Tom Cruise ou Johnny Depp ont pu faire fureur en premier rôles, ce sont surtout les femmes dont la plastique se doit d’être impeccable et qui ont interdiction d’avoir dépassé les trente-cinq ans. Il leur faudra aussi apparaître dans plusieurs tenues différentes et porter des talons en toutes circonstances. En revanche, il leur est interdit de montrer leurs seins, toute nudité pouvant entraîner une interdiction du film aux moins de treize ans – lourd manque à gagner pour les studios.

Le genre de plans qui émaillent négligemment Fast and furious d'un bout à l'autre.
Le maître en la matière : Casino Royale (Martin Campbell, 2006) On sait ce qui a fait le succès des James Bond. Décontraction, vodka-martini, Aston Martin, scènes d’action à couper le souffle, gadgets à gogo et paysages de carte postale. Et les filles. Tellement importantes qu’elles ont acquis, avec le temps, le surnom de James Bond Girls. Rien que dans cet opus, on retrouve, dans ce qui ressemble parfois à un concours de tenues affriolantes, Eva Green, Ivana Milicevic et surtout la très visuelle Caterina Murino.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Harry Potter à l’école des sorciers (2001, Chris Columbus). Les héros sont des enfants, et la plupart des adultes présents dans le film ont dépassé la soixantaine. Dur dur d’offrir au mâle alpha sa dose d’érotisme bon marché dans cette situation. Heureusement, il y aura sept suites, ce qui permettra à Emma Watson (dix ans au début de la saga) de grandir petit à petit pour devenir le sex-symbol que l’on sait.



8 : Potentiel auteurisant : Fritz Lang, qui réalisait des superproductions dès les années vingt, avait affirmé ne se considérer que comme un artisan, et en aucun cas un artiste. Tous les réalisateurs de blockbusters n’ont pas cette humilité, et on en a vu un paquet afficher des ambitions d’auteur, tenter de montrer qu’eux aussi étaient capables de proposer une certaine vision du monde à travers leurs films à gros budgets. Leur réussite a été variable, certes, mais avec quelques succès indéniables qui ont avec le temps fait entrer certains blockbusters dans la caste très fermée des chefs d’œuvre du septième art, et ce malgré le préjugé défavorable dont ils sont généralement l’objet de la part d’une certaine branche ultra-élitiste du public.

Le maître en la matière : Mission impossible (Brian De Palma, 1996) Question blockbuster de légende, avec son Tom Cruise iconique, ses 450 millions de dollars de recette mondiale et ses quatre suites, Mission impossible se pose là. Mais derrière le succès commercial, on retrouve, à chaque plan ou presque, la patte unique et reconnaissable entre toutes de Brian De Palma, ses obsessions pour l’image et le point de vue, son entremêlement étroit du vrai et du faux et ses mouvements de caméra somptueux. 

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Hulk (Ang Lee, 2003) Confier l’adaptation des aventures de l’incroyable Hulk au réalisateur taïwanais de Garçon d’honneur et de Tigre et Dragon était un pari audacieux. Ce fut surtout une grosse plantade : laminé par la critique et boudé par le public, le film figure aujourd’hui au panthéon des mauvais souvenirs hollywoodiens.



9 : Cultitude des répliques : Si un blockbuster se doit de briller par la qualité et le nombre de ses scènes d’actions, il est toujours de bon ton d’y faire figurer quelques répliques cinglantes pour permettre au spectateur d’évacuer la pression accumulée en rigolant un bon coup. Si l’humour n’y vole jamais très haut, une bonne dose de second degré y est attendue : un bon blockbuster est un blockbuster qui ne se prend pas au sérieux, d’où le fréquent recours à des acteurs de comédie pour interpréter les seconds rôles. De plus, il apparaît nécessaire de toujours se ménager une ou deux répliques qui passent vraiment à la postérité, histoire de donner un os à ronger au fan service.

Bruce Willis dans le premier Die Hard. L'exemple typique du héros qui ne se prend pas la tête.
Le maître en la matière : Last Action Hero (John McTiernan, 1993) Pur objet de jouissance cinéphile, ce petit bijou de John McTiernan offre deux heures dix de bonheur visuel. Mieux : en multipliant les clins d’œil, les références et en assumant son second degré (croisant un personnage interprété par F. Murray Abraham, le Salieri d’Amadeus, le jeune héros s’écrie à Schwarzenegger : « Méfie-toi de lui, il a tué Mozart ! »), Last Action Hero remplit également et de façon très efficace sa mission d’amusement des masses.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Interstellar (Christopher Nolan, 2014) Avec un casting ultra-prestigieux (Matthew MacImprononçable, Anne Hathaway, Matt Damon, Jessica Chastain, Michael Caine), un sujet prise de tête (traverser un trou noir pour sauver l’humanité) et un budget colossal, Interstellar avait tout pour marquer l’histoire du blockbuster. Pas de chance, il est plombé de bout en bout par un esprit de sérieux ampoulé au possible et c’est bien malgré lui qu’il parvient in extremis à arracher quelques sourires.



10 : Capacité de mutation en franchise : Le principal objectif des blockbusters reste avant tout de faire de l’argent, si possible sans trop se fouler en termes d’imagination. D’où l’existence de nombreuses suites, voire même de films dérivés qui n’ont que peu à voir avec le produit original, sinon de disposer du même label. Tout blockbuster digne de ce nom se doit de se ménager la possibilité d’un second opus, voire d’une transformation en saga. A part, bien sûr, ceux qui sont déjà des suites de films préexistants, et qui, ces dernières années, auraient presque tendance à devenir majoritaires.

Le maître en la matière : Les Aventuriers de l’Arche perdue (Steven Spielberg, 1981) Au départ, il n’y avait qu’un film, réalisé par Spielberg et produit par Lucas. Mais le succès fut au rendez-vous, le personnage interprété par Harrison Ford devint culte, tout comme la musique et le succès de cet aventurier à mi-chemin entre Tintin et un héros de western spaghetti. Résultat : trois suites, une série télé dérivée et une quinzaine de jeux vidéo inspirés par le film.

Le contre-exemple à ne surtout pas imiter : Gladiator (Ridley Scott, 2000) En plus de relancer la mode des peplums à Hollywood et de valoir l'Oscar du meilleur acteur à Russell Crowe pour son interprétation du général Maximus, le film a réussi à rapporter la bagatelle de 450 millions de dollars. De quoi aiguiser les appétits et envisager sereinement de tourner un second épisode. Problème : à la fin du film, le héros Maximus meurt. Erreur de débutant. Dans ces conditions, dur dur d'imaginer un scénario qui tienne la route pour un deuxième volet. Eternel serpent de mer des studios hollywoodiens, Gladiator 2 ne verra vraisemblablement jamais le jour...


Depuis 2008, Robert Downey Jr a joué six fois le rôle d'Iron Man. Et ça lui aurait rapporté près de 400 millions de dollars.


Score pop-corn global : C’est l’addition des notes sur dix obtenues dans chacune de ces dix catégories – c’est-à-dire une note sur cent. Histoire de ne pas gâcher trop de pop-corn.




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